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Ventilation naturelle et digitalisation, le combo pour des bâtiments éco

Ventilation naturelle et digitalisation, le combo pour des bâtiments éco

WICONA teste actuellement une solution innovante de ventilation naturelle sur le bâtiment 2226 de Dellizotti, à Bettembourg. Ce projet montre comment des ouvrants motorisés, avec des capteurs connectés et un système de gestion intelligent, permettent de réguler la température et la qualité de l’air intérieur, tout en minimisant la consommation.

Rencontre avec Stéphane Hardy, Project Manager Luxembourg chez WICONA

Ventilation naturelle vs ventilation mécanique

Dans la plupart des bâtiments actuels, le renouvellement d’air est assuré par des systèmes de ventilation mécanique contrôlée (VMC) qui, bien qu’efficaces, présentent des inconvénients, notamment une consommation électrique continue, des besoins réguliers en entretien et en maintenance, et un manque de flexibilité lié à une gestion souvent entièrement standardisée.
La ventilation naturelle, quant à elle, repose sur l’apport ponctuel d’air neuf, simplement en ouvrant les fenêtres aux moments opportuns. Cette solution, qui requiert de fait une consommation électrique très minime, doit être intelligemment régulée pour être pleinement efficace. C’est là qu’intervient la digitalisation.

Motorisés, standardisés, optimisés

Pour une ventilation naturelle optimale, WICONA a équipé tout récemment le projet pilote 2226 de Dellizotti à Bettembourg de son système d’ouvrants motorisés, à moteurs intelligents ayant leur propre fonction anti-pince doigt. « Pour ventiler naturellement, il faut un châssis qui s’ouvre pour faire entrer l’air à des endroits stratégiques du bâtiment, déterminés grâce à une analyse préalable complète. Mais il faut aussi pouvoir gérer ces ouvertures. C’est la raison pour laquelle la partie centrale en aluminium de nos châssis intègre, de manière complètement invisible, deux moteurs actionnables manuellement ou programmables. L’un permet le déverrouillage du châssis et le second permet de l’ouvrir ou de le fermer, en donnant une rotation intérieure. Un contact de position permet de déterminer si le châssis est en position ouverte ou en position fermée, et une butée permet de régler l’angle. Pour éviter tout accident le moteur est conçu de manière à s’arrêter et se ré-ouvrir en cas d’obstacle (doigt, etc.) », explique Stéphane Hardy, Project Manager Luxembourg chez WICONA.

Très simples à mettre en place, ces produits sont disponibles avec des largeurs de profilés standardisées (250 ou 310 mm), mais il sera aussi possible d’avoir des largeurs sur mesure. La hauteur est, quant à elle, adaptée au design architectural. « Ces largeurs prédéfinies permettent de compenser, dans une certaine mesure, le coût lié au moteur, par une simplification de la fabrication. Un autre avantage de travailler avec des ouvrants très peu larges, c’est que quand on les ouvre, ils occupent une place réduite dans la pièce, tout en étant très efficaces : selon différentes simulations qui ont été réalisées, l’air est complètement renouvelé en quelques minutes seulement, à partir du moment où on ouvre le châssis, même par une petite section. Nous apportons des technologies éco-sanitaires aux bâtiments, sans aller vers des choses qui sont complètement démesurées. »

Pourquoi une ouverture automatisée ?

L’automatisation permet notamment d’optimiser le rafraîchissement naturel pour éviter le recours à la climatisation et de maintenir une qualité de l’air intérieur constante, grâce à des capteurs intégrés, qui mesurent les températures intérieure et extérieure et le taux de CO₂ et de polluants présents dans la pièce. Les occupants gardent la maîtrise et peuvent également ouvrir les fenêtres manuellement s’ils en ressentent le besoin.

« Nous avons déjà installé sur des bâtiments scolaires des systèmes qui permettent d’ouvrir systématiquement les clapets soit en fonction des heures de classe, soit en fonction des températures intérieure et extérieure, afin de prévenir une surchauffe excessive. En période de plus forte chaleur, le châssis s’ouvre dès que la température extérieure descend sous un certain seuil et se referme dès que la température remonte, de manière à refroidir le bâtiment sans utiliser de climatisation et sans consommer d’énergie. »

Nouvelles technologies, impact environnemental réduit et écocircularité

Au-delà de la régulation thermique et de la qualité de l’air, la digitalisation permet une gestion optimisée du cycle de vie des composants du bâtiment, dans une approche d’écocircularité.
« La digitalisation est une étape cruciale dans le développement de l’économie circulaire. Elle fait le lien entre tous les composants physiques du bâtiment, un lien qui permet une meilleure maîtrise, donc une meilleure gestion du bâtiment. Elle joue aussi un rôle primordial dans la réduction des émissions de CO2, et plus largement, de l’impact environnemental. Tout est basé sur la valeur juste, traçable qu’on attribue au produit qui est reprise dans une base de données », souligne Stéphane Hardy. « Au sein du groupe Hydro, nous avons aisément accès à toutes les données relatives aux différents produits de nos marques SAPA et WICONA. Nous avons, pour cela, mis en place un système de QR codes associé à chaque menuiserie extérieure qui permet d’accéder à différentes informations : composition de chaque matériau et de chaque composant qui est intégré dans le châssis, avec ses caractéristiques techniques et ses performances, y compris son EPD. »

Cela facilite la maintenance en permettant de retracer les interventions qui ont été effectuées sur le produit et d’identifier précisément une pièce avec sa référence s’il faut la remplacer.

En fin de vie du bâtiment, cela permet de connaître leur potentiel de désassemblage, de réemploi ou de recyclage. Grâce à ces données, on peut attribuer une valeur économique aux matériaux en fin de vie, faisant d’un déchet une ressource potentielle.

Une application mobile a également été développée. Elle permet, en scannant le QR code d’un châssis, de le visualiser en réalité augmentée directement sur le mur où il sera posé.

Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #70 - avril 2025