Le bureau d’études LSC Engineering Group propose un suivi environnemental de chantier et permet ainsi à ses clients de bénéficier d’une expertise écologique garantissant le respect de la législation sur la protection de la nature et la sécurité de la planification. Les maîtres d’ouvrage, concepteurs et autorités accordent en effet de plus en plus de temps, d’énergie et de ressources à une conception respectueuse de la biodiversité. Pourtant, la nature est rarement prise en compte durant les travaux, ce qui réduit les objectifs de biodiversité du projet et peut même compromettre le chantier.
Un chantier est une installation technique ou une activité dans laquelle des équipements techniques sont utilisés dans le but de construire quelque chose. Quel est le rapport avec la biodiversité ?
Markus Quack : Dans la plupart des cas, nous construisons à des endroits où il n’y a pas encore d’infrastructure et où la nature a pu se développer (plus ou moins) librement jusqu’au début du chantier. Les espèces végétales et animales qui s’y sont installées de manière naturelle fournissent déjà d’importants services écosystémiques.
Marco Huemann : Il est en effet beaucoup plus facile et écologique de protéger quelque chose qui est déjà présent plutôt que de le replanter à grands frais. Un bel arbre, de taille et âge importants, avec des branches épaisses et des cavités, offre non seulement un lieu de nidification pour les oiseaux ou les chauves-souris, mais aussi une source de nourriture pour les insectes. La couronne ombragée nous offre également à nous, les humains, un lieu de détente en été et contribue à notre qualité de vie dans le quartier. Il est donc essentiel de protéger les habitats ou la végétation existants, car les arbres, les haies ou les prairies plantés récemment peuvent prendre des décennies avant de pouvoir remplir une fonction écologique équivalente.
MQ : De nombreux maîtres d’ouvrages reconnaissent ces effets positifs pour l’homme et la biodiversité et souhaitent intégrer la végétation existante dans leur projet. Mais pendant la phase de construction, on a surtout besoin d’une chose : beaucoup de place. Ceci est notamment le cas pour les zones de stockage, la base de vie et les accès au chantier.
MH : Et sans l’expertise nécessaire, des dégâts à la nature peuvent rapidement survenir sans que l’on s’en rende compte. Par exemple, il peut arriver que la voie d’accès au chantier doive être légèrement élargie à court terme. Dans ce cas, la clôture de protection est rapprochée des arbres existants qui sont censés être préservés. Malheureusement, leurs racines sont ainsi désormais fortement exposées au trafic de chantier. Cela a pour conséquence que les arbres ne pourront se développer pleinement en raison des dommages causés aux racines et que, dans le pire des cas, ils dépérissent en quelques années.
MQ : C’est bien sûr très dommage, car la bonne volonté des maîtres d’ouvrage est compromise par la méconnaissance ou le manque de suivi des plans.
Existe-t-il donc d’autres aspects sur le chantier que le respect de distances de protection et de sécurité ?
MQ : Ce qui est moins évident, ce sont les effets de piège dus aux fosses, aux conduites ou aux clôtures sur les chantiers. En particulier les animaux de petite taille comme les hérissons, les amphibiens, les reptiles, etc. peuvent tomber quelque part et ne peuvent plus en sortir par eux-mêmes. Pourtant, de simples dispositifs de sortie, tels qu’une planche de bois, sont souvent une bonne solution pour permettre à la faune de survivre pendant les travaux. Mais ce risque doit tout d’abord être identifié.
MH : Un autre exemple est le respect des prairies. Par souci de facilité, il arrive régulièrement que les prairies soient utilisées pour manœuvrer avec des engins de chantier, de sorte que de grandes étendues sont rapidement compactées de manière irréversible. À ces endroits, la biodiversité diminue, ce qui affecte non seulement la flore, les organismes du sol et les insectes en général, mais a aussi des répercussions sur la nourriture des oiseaux, des chauves-souris et des micromammifères.
MQ : De tels dégâts surviennent souvent lorsque les conditions météorologiques sont humides, lorsque le sol est détrempé et que les engins de chantier ont tendance à s’enfoncer. Bien entendu, un chantier ne peut pas attendre que les conditions météorologiques soient optimales ; les travaux commencent dès que toutes les autorisations sont obtenues. Dans de tels cas, il est possible de travailler avec des dalles qui répartissent mieux la pression des engins de chantier et qui protègent ainsi les zones sensibles des prairies. Mais la poussière générée par la circulation sur les chantiers, en particulier par temps sec, représente également un risque pour le développement des plantes, car leurs pores sont ainsi obstrués. Dans ce cas, selon l’emplacement, le choix d’un revêtement approprié pour les voies de chantier est souvent décisif.
Et comment le suivi environnemental de chantier peut-il aider à protéger la biodiversité existante ?
MH : Le suivi environnemental de chantier offre au maître d’ouvrage une aide importante pour la coordination des délais, des distances de protection et des zones de stockage, et lui apporte des conseils en cas de questions. En effet, dans la pratique, il est souvent difficile pour les maîtres d’ouvrage de garder une vue d’ensemble par rapport à la réglementation relative à la protection de la nature et des contraintes spécifiques imposées à son projet. Il arrive donc que des détails se perdent et que les mesures prévues auparavant ne remplissent pas la fonction souhaitée. Dans l’idéal, il est donc préférable d’intégrer le suivi environnemental de chantier dès la conception du projet afin que le chantier se déroule sans problème. En effet, en réduisant au maximum la durée des travaux, on contribue à minimiser l’impact sur la biodiversité locale.
MQ : Par ailleurs, il est souvent nécessaire de prendre des décisions rapides et pragmatiques sur les chantiers. Le fait que le suivi environnemental de chantier soit actif pendant toute la phase de chantier permet de trouver des solutions rapides aux risques qui peuvent se présenter subitement. L’expert possède un savoir-faire qui lui permet d’identifier et d’éviter les conflits potentiels au préalable, par souci de prévention.
MH : Tant le ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité que l’Administration de la nature et des forêts exigent le recours au suivi environnemental de chantier (souvent dénommé « encadrement écologique ») pour que la théorie soit correctement mise en œuvre sur le terrain. Il n’est de loin pas nécessaire ou judicieux que chaque projet soit accompagné par un expert environnemental, mais seulement là où une certaine sensibilité est requise, par exemple en bordure de forêt ou de cours d’eau, ou là où la nature doit être délibérément intégrée dans le projet.
La valeur ajoutée du suivi environnemental de chantier consiste à soutenir le bon déroulement du chantier, tout en préservant la biodiversité locale.
Le suivi environnemental de chantier concerne donc en premier lieu le chantier actif. Mais que se passe-t-il une fois que le chantier est achevé ?
MH : Lorsque le chantier est achevé, il est souvent essentiel de poursuivre l’entretien afin de favoriser durablement la petite faune et la flore. Il s’agit notamment de renoncer aux pesticides et de réduire la fréquence de fauche des espaces verts.
MQ : Le suivi environnemental de chantier ne se limite toutefois pas aux chantiers classiques en agglomération. Certains maîtres d’ouvrages sont tenus de mettre en œuvre des mesures d’atténuation (CEF). Il peut s’agir de délocaliser des espèces animales et végétales, de planter des arbres, des haies, des vergers ou de créer des plans d’eau et des prairies naturelles dans la zone verte.
MH : Dans le cas des plantations, la coordination temporelle, le contrôle de la qualité et de la méthode de plantation, mais aussi le traitement du sol et la fréquence des arrosages sont des facteurs importants. Ce n’est qu’à cette condition que les plantes auront les chances optimales pour pouvoir se développer. Les conséquences négatives d’une plantation non conforme ne sont malheureusement visibles qu’un ou deux ans plus tard, lorsque les plantes dépérissent. Cela représente non seulement un facteur de coût et de conflit important pour les maîtres d’ouvrage, mais aussi un retard dans le développement d’habitats fonctionnels et de la biodiversité.
MQ : Le suivi environnemental de chantier représente donc ici aussi une interface importante entre la planification des mesures d’atténuation et leur mise en œuvre. Dans le cadre des mesures d’atténuation, le ministère de l’Environnement exige généralement un monitoring à long terme. Le monitoring consiste à vérifier le développement et l’entretien afin d’intervenir rapidement en cas de déficits. Le monitoring garantit que les mesures mises en œuvre se transforment en des habitats de grande valeur écologique et contribuent ainsi à long terme à la biodiversité locale.
Seul grâce à une étroite collaboration et des mesures coordonnées il est possible de garantir que les projets de construction aient un impact minimal sur la biodiversité et que la bonne santé des écosystèmes soit garantie. Le suivi environnemental de chantier constitue ainsi un instrument important pour mettre en œuvre avec succès la théorie sur le terrain, tandis que le monitoring en aval garantit le développement à long terme d’habitats de qualité.
Extrait de Néomag#65