
Entreprises artisanales et objectifs de décarbonation
La Chambre des Métiers aide les entreprises artisanales à rester concurrentielles, donc indépendantes, face aux défis soulevés par la transition écologique. Pour cela, elle va à leur rencontre sur le terrain, les conseille, les sensibilise à travers divers évènements et leur propose un catalogue entier de formations « Sustainability »*.
Interview de Elisa Mendes, conseillère technologies & environnement, Rafael Raimundo, coordinateur formation continue, et Ralf Cavelius, conseiller innovation à la Chambre des Métiers.
Pouvez-vous nous parler de votre offre de formation « Sustainability » ?
Rafael Raimundo : Nous avons développé un catalogue dédié au développement durable. Toutes les formations qui y sont proposées bénéficient d’un cofinancement par le ministère du Travail et l’Union européenne, par le biais du fonds pour une transition juste (FTJ). Grâce à ce soutien, non seulement l’inscription est gratuite, mais en plus, l’entreprise reçoit, pour chaque participant, une indemnité de 135 euros par période de 8 heures de formation.
Nous avons sélectionné des thématiques qui ciblent les besoins des entreprises artisanales face aux défis à venir. Parmi celles-ci : la RSE, la directive CSRD, les droits humains, les achats durables ou encore la gestion de la chaîne d’approvisionnement (supply chain). À travers ce catalogue, nous souhaitons sensibiliser et former les artisans aux enjeux qu’ils rencontrent déjà ou qu’ils devront bientôt relever.
Quelles formations peut-on trouver dans ce catalogue, plus précisément ?
Elisa Mendes : La plupart des thématiques du catalogue peuvent intéresser les entreprises de tous secteurs. Notre formation sur l’économie circulaire, par exemple, comprend une introduction générale qui s’adresse à toutes, mais aussi un module plus avancé qui est spécifiquement orienté construction.
Nous proposons des formations sur les fondamentaux du développement durable, tel qu’une initiation à la RSE ou au bilan carbone. Nos formations veulent donner à chaque entreprise les bases nécessaires pour comprendre les enjeux de durabilité. Par exemple, savoir quelles informations collecter et évaluer dans quelle mesure leur entreprise est déjà structurée pour répondre aux exigences d’un futur bilan carbone.
Nous offrons aussi des formations ciblées sur le rapport de durabilité et la CSRD. Même si le champ d’application de la CSRD a été réduit récemment, les entreprises seront de plus en plus interrogées, notamment par les banques et les compagnies d’assurances, sur leurs démarches en matière de durabilité. Cela pourra passer par l’élaboration d’un rapport de durabilité, d’un bilan carbone, ou simplement par la préparation de données afin de pouvoir répondre aux sollicitations. Les actions mises en place en matière de santé et de sécurité des employés – un enjeu clé dans la construction - seront également prises en considération. L’obtention de crédits et de taux d’intérêt plus ou moins avantageux pourrait à l’avenir dépendre du niveau d’engagement des entreprises, tout comme leur attractivité auprès d’investisseurs potentiels ou encore leur image d’employeur. C’est pourquoi nous les encourageons vivement à se familiariser sans attendre avec ces thématiques et à structurer progressivement leurs démarches.
Pourquoi est-il important que les entreprises, et en particulier les entreprises de construction, décarbonent leurs activités ?
EM : Le secteur de la construction a un rôle important à jouer dans la réduction des émissions carbone, notamment à travers les matériaux utilisés et les transports nécessaires pour les acheminer. En raison de son impact significatif, il existe de nombreux potentiels pour réduire les émissions et optimiser les pratiques. Nos formations peuvent aider les entreprises à identifier les domaines sur lesquels elles doivent se concentrer, et nos services offrent des conseils sur les aides étatiques auxquelles elles peuvent être éligibles.
Ralf Cavelius : Il existe un cadre européen très clair en ce qui concerne la décarbonation, ainsi que des objectifs nationaux qui sont souscrits à travers le plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC) : nous visons la neutralité carbone en 2050. Tous les acteurs de notre écosystème sont aujourd’hui dans un processus de transformation pour contribuer à la réduction du bilan carbone global. C’est le cas de la mobilité, par exemple, qui a un impact majeur sur la consommation d’énergie et de carburant.
Mettre en place des mesures de décarbonation, pour une entreprise, ce n’est pas seulement être plus vertueuse, c’est aussi être plus concurrentielle et énergétiquement plus indépendante dans un monde qui devient de plus en plus imprévisible.
Outre les formations, à quoi s’étendent les services de la Chambre des Métiers ?
RC : Avec notre service e-Handwierk, nous nous rendons directement dans les entreprises pour leur offrir des conseils personnalisés sur les mesures à entreprendre.
Nous organisons également des événements sur des thématiques spécifiques. Par exemple, en 2024, nous avons réalisé un roadshow sur l’électromobilité avec des retours d’expérience d’entreprises. Récemment, nous avons organisé un évènement pour informer les entreprises sur les différentes aides disponibles dans le domaine de l’énergie et de la décarbonation. Le 19 juin, nous aborderons le partage d’électricité photovoltaïque et les communautés énergétiques, un sujet pertinent pour les entreprises disposant de grands halls pour installer des panneaux solaires, ainsi que pour celles qui souhaitaient accéder à de l’énergie verte sans avoir de surface disponible. Début juillet, un autre événement portera sur l’autoconsommation photovoltaïque, l’usage de batteries et des systèmes de gestion énergétique. Enfin, dans la seconde moitié de l’année, nous mettrons l’accent sur les solutions pour réduire la consommation énergétique.
EM : Nos événements de sensibilisation ne portent pas seulement sur le volet écologique, mais aussi sur le volet social / gouvernance, qui sont les trois piliers de la durabilité. Nous proposons différents formats : conférences, webinaires, ateliers - par exemple, en juin, sur la collecte de données de durabilité (VSME), en plusieurs langues, souvent avec une traduction simultanée pour rendre l’information accessible au plus grand nombre. Les replays des webinaires sont disponibles sur notre site Internet, où l’on peut aussi trouver différents outils pour aider les entreprises à se lancer dans une démarche durable.
Un mot pour conclure ?
RR : La Chambre des Métiers est à l’écoute de tous ses membres. Si une entreprise a besoin d’aide, nous sommes là pour la soutenir, répondre à ses questions et l’aider à trouver un chemin. Nous offrons des conseils personnalisés, des formations spécialisées et un accès à un réseau d’experts pour garantir que chaque entreprise puisse prospérer et innover dans un environnement compétitif.
EM : J’ajouterais que les entreprises peuvent nous contacter si elles constatent un manque dans l’offre actuelle. Nous nous efforcerons de trouver les intervenants capables de proposer des formations sur les thématiques qui les concernent, même si elles ne sont pas encore prévues aujourd’hui.
Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #71 - juin 2025
*Ces formations sont gratuites et seront subventionnées jusqu’à mi-2026.