
À Wiltz, la rénovation du centre-ville prend racine dans les forêts locales
Le centre-ville historique de Wiltz sera bientôt remanié pour offrir aux usagers un cadre de vie convivial et chaleureux qui mettra à l’honneur les chênes, hêtres et douglas issus des forêts locales. Le début des travaux est prévu dans les semaines à venir.
Rencontre avec Patty Koppes, cheffe de projet en économie circulaire, Serge Muller, architecte, responsable adjoint du service technique, et Florian Deumer, responsable projets à la commune de Wiltz
Ce projet est le fruit d’un processus de participation citoyenne, qui a eu lieu entre septembre 2022 et mai 2023, et a inclus les commerçants, restaurateurs, habitants, jeunes du Lycée du Nord et responsables communaux, avec le soutien du Jugendbureau Éislek. L’intelligence collective a permis de faire émerger dix lignes directrices, qui seront également reprises dans les projets ultérieurs de la commune. Parmi celles-ci, le fait de réintroduire la nature en ville et l’économie circulaire. « Le point de départ de ce projet est une grande place grise et vide, avec beaucoup de passage et peu de végétation. Quand le soleil tape, il y fait trop chaud. Bref, elle n’est pas très accueillante. Il était dès lors relativement clair dès le départ pour nous de travailler avec du bois, qui est un matériau chaleureux, et de redonner sa place à la végétation, selon les souhaits exprimés par les citoyens. À Wiltz, tous les projets sont développés avec le service économie circulaire. C’est ainsi qu’est née l’idée de travailler avec le bois de nos forêts, respectivement de la région », indique Serge Muller, l’architecte de la commune.
Un axe essentiel du projet est l’utilisation de bois local pour la réalisation de l’aménagement et du mobilier urbain (bancs et bacs à plantes) qui structurera la future place. Le nouvel aménagement en bois sera représentatif du paysage forestier de la région, en mettant en valeur le chêne, le hêtre et le douglas provenant des forêts de Wiltz et alentours. « Actuellement, la place s’étend sur différents niveaux, avec de longues marches qui résultent de la topographie du site. Pour la nouvelle place, nous avons choisi de maintenir ces niveaux en travaillant avec des plateaux qui formeront un paysage en bois, composé de modules sur lesquels les personnes pourront s’asseoir ou s’allonger. Il y aura également des « cabanes » pour se mettre à l’abri quand il pleut. Les plantations existantes seront intégrées dans la structure et de nouveaux bacs seront créés pour ajouter des végétaux supplémentaires », précise-t-il.
Le choix de recourir à des essences locales, réfléchies pour chaque usage, a néanmoins soulevé plusieurs défis. Au total, près de 50 m³ de bois ont été prélevés sur pied dans les forêts de Wiltz, dont 18 m³ ont été exploités dans le cadre du projet. « Nous avons dû trouver une scierie, un transporteur, ainsi qu’une entreprise qui acceptent de traiter notre bois. Il nous fallait atteindre un certain volume critique pour que le processus soit réalisable et reste économiquement viable. Or, nous n’avions besoin que de quantités minimes de chêne et de hêtre, et il n’existe qu’une scierie au Luxembourg qui scie du douglas, ce qui restreignait notre marge de manœuvre. Pour le traitement, nous avons dû nous diriger vers une société belge située à Étalle, près d’Arlon, qui est la seule dans un rayon acceptable à proposer le processus de thermotraitement que nous avions choisi d’utiliser. Ce traitement, sans produits chimiques, consiste à « cuire » le bois pour le rendre plus résistant aux intempéries, aux sollicitations, aux insectes, etc., et allonger sa durée de vie, sans altérer ses qualités naturelles. Avant toute chose, il a donc fallu définir le volume de bois à couper en fonction des quantités minimales nécessaires pour la coupe, le transport et le traitement », explique Florian Deumer, le responsable du projet.
Dans une démarche d’optimisation du bois scié, des dimensions non utilisées dans le cadre du projet ont été découpées en sections qui pourront être transformées en d’autres éléments par l’atelier communal. « Une réflexion sur la déconstruction a été entreprise dès la conception : les éléments sont fixés mécaniquement avec de la visserie pour faciliter le démontage et le remplacement des pièces abîmées. Le projet intègre aussi une dimension expérimentale : le chêne (non-traité) et le hêtre (traité thermiquement) sont testés sur des éléments peu sollicités afin d’évaluer leur comportement à long terme en extérieur », souligne Patty Koppes, cheffe de projet en économie circulaire.
L’Administration de la Nature et des Forêts a apporté sa précieuse contribution au projet, notamment pour la définition des volumes et la sélection des essences et sujets à prélever, et le Naturpark Öewersauer a aidé à sélectionner les plantes locales qui viendront agrémenter le site, tout en favorisant la biodiversité et en résistant aux saisons.
Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #71 - juin 2025