
Maison de vacances dans le parc national De Hoge Veluwe, Pays-Bas
Le parc national De Hoge Veluwe se situe à moins de dix kilomètres du petit village de Lunteren, désigné comme le centre (d’inertie) géographique des Pays-Bas, en province de Gueldre. Ce parc, l’un des plus grands du pays, constitue l’un des noyaux importants du réseau écologique néerlandais et abrite de nombreux habitats et espèces protégés.
Au milieu de cette nature foisonnante de biodiversité, l’agence JCR Architecten a « déposé » et partiellement enterré un « refuge » : dans une zone précédemment affectée en complexe militaire récemment reconverti en quartier à destination de maisons de vacances, de logements et d’espaces de travail, cette minuscule maison de vacances développe une superficie de 43 m2 et, sous certains aspects, reproduit quelques-uns des codes de la construction militaire. Ce bout d’architecture attire les regards : anguleuse, brute, dissimulée, camouflée ? Il n’est pas rare que renards, cerfs, autres mammifères ainsi qu’oiseaux variés évoluent très près de la maison. Sous certains angles, notamment celui faisant face à l’unique versant de toiture venant mourir au sol tel un talus enfriché, l’ouvrage semble disparaître et se confondre avec cet environnement dense et sauvage, entièrement composé d’espèces et d’essences locales ; assurément un geste d’une très belle discrétion et d’intégration dans ce lieu privilégié.
In & Out
Le versant de toiture végétalisé agit tel un tampon thermique, bien aidé par sa masse conséquente. L’expression des trois façades contigües à ce versant est bien différente et absolument opposée à l’opacité de la couverture du toit : ici, le règne de la clarté et de l’ouverture vers l’extérieur ainsi que l’affirmation d’une architecture forte, brute et limpide - notamment soulignée par les ouvrages en béton armé soigneusement banchés qui constituent les voiles périphériques enterrés, fait foi. Les grandes surfaces en verre structurel, agencées de façon minimale telles des aplats, reflètent la nature et laissent pénétrer une lumière ondulante et sans cesse renouvelée.
On pénètre et l’on descend dans la « casemate » de vacances au travers d’une trappe métallique inclinée, intégrée dans la toiture. L’impression d’ouverture et d’espace domine lorsque l’on pénètre les lieux, la fuite de la toiture vers le ciel accentuant cet effet, invitant ses hôtes à contempler la canopée ; le décor et l’agencement sont en totale rupture avec l’identité extérieure que la construction projette, le Douglas utilisé pour les colonnes et le bardage du plafond apportant chaleur et douceur naturelle, et appelant au repos. Ces robustes colonnes sont un écho à la verticalité et à la puissance des troncs de la forêt. Les chambres sont aménagées en simples alcôves, permettant une intimité sommaire mais suffisante. L’aménagement intérieur, les cloisons de séparation entre espaces et le mobilier sont conçus comme un grand meuble revêtu de panneaux en contreplaqué de bois de bouleau. Une colonne extérieure inclinée, revêtue d’un bardage en aluminium, traverse le versant de toiture ; creuse, elle offre un habitat pour accueillir oiseaux et chauve-souris.
Oser la simplicité, redéfinir les notions de confort
En combinant simplicité conceptuelle et constructive, en se concentrant sur les besoins fondamentaux d’un programme simple, le projet appelle à une réflexion quant à nos façons d’habiter. Réduire les espaces au nécessaire, faire dialoguer le bâti avec son environnement, concevoir avec des matériaux simples, assurer le confort des occupants « sans trop en faire » sont les ingrédients de ce petit bout d’architecture qui n’en dit pas trop mais en fait beaucoup.
Données
Architecture : JCR Architecten
Équipe projet : Jeroen Helder, René Jansen, Veronika Stehlíková, Denzel Leito
Client : Jeroen Helder, Saskia de Kinkelder, Jimi Helder
Localisation : Parc national De Hoge Veluwe, Pays-Bas
Photographie : Sebastian van Damme
Surface : 43 m2
Rédaction : Régis Bigot, architecte & Innovation Project Manager chez Neobuild GIE
Illustrations : © Sebastian van Damme
Article paru dans Neomag #73 - septembre 2025