40 tonnes d’acier autopatinable pour enjamber l’Alzette

Rencontre avec Thomas Jacqmin, responsable d’affaire chez SGI Ingénierie Luxembourg

Un chemin élargi et redessiné

Il y a quelques mois, la commune de Walferdange a décidé de remplacer la passerelle en bois qui relie les localités de Walferdange et Bereldange. En effet, celle-ci, après 24 années d’existence, commençait à être vieillissante.

« Ce projet a été l’occasion d’améliorer la situation à deux niveaux. D’abord, la largeur utile de l’ouvrage a été augmentée, passant de 1,9 m à 3 m pour mieux répondre aux réglementations en vigueur. Ensuite, le chemin a été reprofilé de manière à fluidifier la transition. Il y avait là un compromis à trouver entre le confort du cheminement d’une part et la longueur de la passerelle (donc sa valeur économique) d’autre part, la problématique étant que plus on redresse l’angle de franchissement du cours d’eau, plus on augmente la portée », explique Thomas Jacqmin du bureau d’études SGI Ingénierie, en charge du projet.

Un ouvrage protégé des crues tout en restant accessible

« Il aurait été par ailleurs tentant, au vu du contexte climatique actuel, d’implanter la passerelle le plus haut possible pour éviter tout risque de submersion, mais nous devions avant tout garantir qu’elle soit fonctionnelle. Et il fallait, pour cela, respecter les pentes maximales et les paliers de repos imposés par la réglementation en matière d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite », poursuit-il.

L’implantation était limitée vers le haut par ce critère d’accessibilité des usagers, et vers le bas par le gabarit hydraulique – c’est-à-dire les niveaux de crues - dicté par l’Administration de la gestion de l’eau. La nouvelle passerelle a finalement été installée environ 60 cm au-dessus du niveau de crue centennale, soit légèrement plus haut que l’ancienne.

Le choix de l’acier pour optimiser l’épaisseur et la portance

« Ces contraintes laissaient peu d’épaisseur pour la structure de l’ouvrage. C’est ce qui a guidé le choix d’un système composé de deux poutres latérales pour assurer la portance. Ces poutres sont des caissons à inertie variables présentant une hauteur maximale de 1,3 m à mi-travée », indique-t-il. « Ces éléments sont en métal afin d’optimiser l’épaisseur tout en ayant des élancements importants. Et nous avons opté pour de l’acier autopatinable pour limiter l’entretien ».

Les culées sont, quant à elles, en béton armé et elles ont été posées à distance suffisante des berges pour éviter que le cours d’eau ne les érode progressivement.

L’habillage en bois latéral est un clin d’œil à l’ancienne structure. Il remplit une fonction à la fois esthétique et de sécurité, puisqu’il offre un garde-corps aux piétons et aux cyclistes.

La mise en œuvre, un véritable défi

La mise en œuvre de la nouvelle passerelle a présenté une certaine complexité en raison de l’accès limité au site, coincé entre l’arrière des résidences de la cité Grand-Duc Jean et la cour de récréation du lycée qui longe le talus, rendant impossible toute intervention de ce côté. Il a fallu mobiliser deux grues, l’une de 400 tonnes positionnée derrière les habitations, et l’autre de 300 tonnes installée sur le parking d’une pizzeria proche. L’opération a été réalisée en une seule journée.

La dépose de l’ancien ouvrage avait eu lieu plus tôt. Déjà partiellement démonté, il avait pu être retiré avec une grue plus légère, elle aussi installée sur le parking de la pizzeria, afin de permettre la démolition des anciennes culées et la mise en place du nouvel ouvrage.

Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #74 - novembre 2025

Données

Maître d’ouvrage : administration communale de Walferdange
Bureau d’étude : SGI Ingenierie s.a. Luxembourg
Bureau de contrôle : SECOLUX
Entreprise générale : TRALUX Construction