
Chaque étape de la production a un impact concret sur le service finance
Céline Daugenet, directrice financière de CIMALUX, partage son expérience, ses missions, les défis qu’elle rencontre et sa vision de l’évolution de son métier, au cœur d’une entreprise engagée dans la réduction de ses émissions de CO2. Interview.
Quel a été votre parcours avant d’arriver chez CIMALUX ?
J’ai passé les 16 premières années de ma carrière professionnelle dans une autre industrie, en France, où je suis entrée tout de suite après mes études. J’y ai gravi les échelons un à un. J’ai été embauchée en tant que comptable. Après avoir fait mes preuves, on m’a proposé un poste de contrôleur de gestion. Puis je suis devenue directrice financière, fonction que j’ai occupée pendant sept ans, mais les difficultés de trésorerie de l’entreprise où je travaillais m’ont amenées à m’ouvrir à d’autres propositions. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré Dany Krier, le directeur de CIMALUX. Il était tellement positif que j’ai eu un coup de cœur pour l’entreprise avant même de découvrir ses ambitieux projets de réduction des émissions de CO2 et les moyens déployés pour y parvenir. J’ai donc saisi cette belle opportunité et j’ai rejoint l’entreprise en janvier de cette année. Pour moi, c’est un nouveau pays, de nouvelles règles, mais j’ai toujours aimé travailler dans l’industrie, échanger avec les différents services et avoir des interlocuteurs variés.
Qu’est-ce qui vous plaît dans l’industrie par rapport à un autre secteur ?
Chez CIMALUX, nous faisons partie d’un groupe qui nous soutient, ce qui est très rassurant. Nous avons aussi la chance de travailler sur une grande diversité de projets. C’est passionnant de voir comment chaque étape de la production a un impact concret sur le service finance.
Quelles sont vos missions en tant que directrice financière ?
D’abord, je ne suis pas seule : nous formons une équipe de quatre personnes avec Michel Schmitz (contrôleur de gestion), Jean-Marc Koster et Philippe Meyers (comptables).
Le service Finance est responsable de la gestion globale des finances de l’entreprise, incluant la comptabilité avec la saisie des factures, la gestion des flux bancaires et l’établissement des différentes déclarations fiscales et sociales, le reporting avec la communication des données financières au groupe, ainsi que le contrôle de gestion à travers l’élaboration des prévisions jusqu’à la fin de l’année et des projections pluriannuelles.
En tant que CFO, je dirige cette équipe, je supervise les rapports, je veille à la précision des données et j’apporte un regard neuf et critique afin d’optimiser les processus et renforcer la qualité des livrables.
Comment votre quotidien se déroule-t-il ?
Il n’y a pas de journée type : tout dépend de la période de l’année et du mois. Comme je le mentionnais, nous transmettons nos chiffres au groupe chaque mois. La première semaine est donc consacrée à la clôture du mois précédent.
En septembre et octobre, nous travaillons sur le budget des années à venir. Cette année, par exemple, nous irons jusqu’en 2040. Pour cela, nous rencontrons l’ensemble des services afin de recueillir leurs projections. Les mois de janvier, mai et octobre sont, eux, consacrés aux forecasts (prévisionnels).
En dehors de ces périodes spécifiques, mes journées sont rythmées par diverses tâches et responsabilités. Je participe également à des réunions de management et de direction pour discuter des objectifs à long terme de l’entreprise et des projets en cours. Ces réunions sont essentielles pour partager des problèmes, des informations cruciales et pour prendre des décisions éclairées.
Je consacre également du temps à la gestion et au développement de mon équipe. J’encourage la collaboration et la communication, et je m’assure que chaque membre de l’équipe dispose des ressources et du soutien nécessaires pour réussir.
À quels défis êtes-vous confrontée ?
D’abord, en tant que nouvelle CFO, je repars de zéro. Ma priorité est donc de comprendre et d’intégrer tous les processus de production.
Gagner la confiance de l’équipe est également primordial : j’aime vraiment travailler avec les personnes et le côté humain est fondamental pour moi.
Ensuite, les grands projets en cours pour limiter nos émissions de CO2 constituent un défi en soi puisqu’ils nécessiteront des investissements importants. Ces projets de décarbonation sont essentiels pour notre entreprise, non seulement pour répondre aux exigences réglementaires, mais aussi pour contribuer à la lutte contre le changement climatique en tant qu’acteur majeur du secteur de la construction.
Nous avons pour projet de passer à une version plus récente de notre ERP (Enterprise Resource Planning). Cela implique non seulement de s’adapter au nouveau logiciel, mais aussi de s’assurer que la migration des données historiques se fait en conformité avec les normes en vigueur. Il est essentiel de former les employés pour qu’ils puissent utiliser efficacement le nouveau système et minimiser ainsi les perturbations.
Comment voyez-vous l’évolution de votre carrière ou de votre métier dans les années à venir ?
Je pense que la principale évolution viendra de l’intelligence artificielle. Elle devrait nous faciliter la vie sur les tâches répétitives - saisie des factures, intégration d’extraits bancaires, création de présentations PowerPoint - mais aussi pour l’analyse prédictive d’indicateurs dans le cadre des forecasts et des budgets. En revanche, elle est encore peu intégrée à Excel, qui est notre principal outil au quotidien.
Je précise que nous n’utilisons pas d’IA ouverte : Dyckerhoff, société à laquelle nous reportons et qui elle-même dépend du groupe Buzzi, a développé sa propre intelligence artificielle interne. Les données sont donc sécurisées.
Si vous aviez un message à faire passer aux jeunes qui voudraient se lancer dans ce métier ou dans ce secteur d’activité, qu’est-ce que vous leur diriez ?
Je leur dirais : foncez ! Il faut être minutieux, avoir un bon esprit d’analyse, aimer les chiffres et être motivé, mais c’est surtout un métier ouvert à tout type de profil où on peut évoluer aussi bien au sein d’un cabinet comptable que dans une banque ou dans des entreprises de tous secteurs d’activité. On ne s’ennuie jamais. D’ailleurs, les règles et normes auxquelles nous sommes soumis changent régulièrement. C’est un travail très stimulant et jamais routinier.
Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #73 - septembre 2025