
Traitement de l’eau : une alternative innovante et économique
ëGEN Pro propose une approche globale et intelligente de traitement de l’eau qui combine économie d’eau, optimisation des équipements et réduction de l’empreinte écologique.
Interview de Philippe Bauer, fondateur d’ëGEN Pro
Pourquoi est-il important de développer des solutions permettant d’utiliser efficacement chaque goutte d’eau ?
Aujourd’hui, un habitant luxembourgeois consomme en moyenne 130 litres d’eau par jour. D’ici 2030, cette consommation devra être réduite à 90 litres par jour, car la production d’eau potable ne suffira plus à couvrir les besoins croissants.
Actuellement, dans des secteurs-clés comme la restauration ou les collectivités publiques, seuls 50 % de l’eau est réellement utilisée, le reste est perdu. Si on parvenait à atteindre un rendement de 100 % en réutilisant intelligemment l’eau, l’économie réalisée en 10 ans représenterait l’équivalent de l’alimentation en eau d’une ville comme Dudelange, soit les besoins quotidiens de 22 000 personnes. En adoptant des solutions innovantes, notamment dans les réseaux de récupération et les circuits fermés, nous pourrions garantir une meilleure gestion de l’eau, mais aussi assurer la pérennité de la ressource.
Pourquoi ne pas commencer par récupérer l’eau de pluie ?
La récupération de l’eau de pluie peut sembler pertinente mais, en réalité, elle interrompt le cycle naturel de l’eau qui s’infiltre dans le sol pour alimenter les nappes phréatiques, qui sont aujourd’hui en diminution. En la captant directement, on empêche ce processus de recharge des nappes et on accentue la pénurie d’eau souterraine.
Dans la restauration, par exemple, où le rendement en eau n’est que de 50 %, il est plus logique d’optimiser d’abord cette ressource existante avant d’installer des systèmes complexes, onéreux pour collecter et traiter l’eau de pluie.
Quelle solution avez-vous développée pour répondre à cette problématique ?
Tout d’abord, nous proposons une alternative naturelle aux adoucisseurs d’eau à base de sel, qui cible tous les secteurs d’activité telles que le privé, l’industrie et l’Horesca, où les pertes en eau sont très importantes.
Aujourd’hui, la majorité des installations utilisent des adoucisseurs à sel, qui consomment de l’eau et du sel, et nécessitent une régénération régulière. Est-ce vraiment indispensable ? Plutôt que d’éliminer le calcaire, notre approche, plus naturelle et plus respectueuse des ressources, consiste à modifier physiquement l’eau pour rendre le calcaire non adhérent, tout en conservant son caractère potable.
Comment ce dispositif fonctionne-t-il ?
Notre dispositif se base sur des matériaux sûrs et non toxiques (l’inox, le titane et des polymères) pour transformer le calcaire en poudre, et faire qu’il ne s’accroche plus aux surfaces. Lorsque l’eau traverse l’appareil, les minéraux qu’elle contient (carbonate de magnésium, calcium etc.) subissent une transformation physique. Initialement sous forme cristalline, ces cristaux sont modifiés en aragonite, une forme non adhérente du calcaire. Ainsi, l’eau conserve ses minéraux, elle reste potable et les résidus peuvent être éliminés d’un simple coup de chiffon, sans polluer et sans gaspiller d’eau.
C’est un changement d’habitude qui demande un peu de pédagogie, mais qui permet de préserver la ressource, d’éviter les contraintes des adoucisseurs classiques, et de préserver ses équipements et l’environnement. D’autant plus que notre solution a également une action curative et qu’elle réduit considérablement la présence de légionelles, comme en attestent des certifications officielles.
Nous allons encore plus loin en agissant sur la minéralité de l’eau. Une autre gamme appareils utilisent un procédé d’osmose qui élimine efficacement pesticides, fongicides, chlore et autres contaminants. Grâce à un système de cinq niveaux de filtration, nous purifions l’eau en profondeur. La dernière étape permet de rééquilibrer sa composition, en ne conservant que les éléments bénéfiques, pour une eau plus saine et de meilleure qualité.
Au-delà du traitement anticalcaire, vous proposez une approche plus globale. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous avons développé des solutions intégrées (EDE) qui réduisent la consommation d’eau et améliorent l’efficacité des équipements dans les cuisines professionnelles.
De nombreux appareils de traitements d’eau, dispositifs de refroidissement, etc., gâchent de l’eau durant leur fonctionnement. Par exemple, on installe souvent un adoucisseur et un osmoseur dans les zones de laverie pour garantir une excellente qualité de lavage, de bonnes conditions de travail et également pour protéger les lave-vaisselles. Mais ces solutions usuelles sont très énergivores, avec en moyenne 1 300 litres d’eau consommés par service pour un restaurant de 150 couverts, soit 2 600 litres par jour uniquement sur cette zone de travail.
Nos solutions brevetées peuvent amener cette consommation moyenne à 300 litres - ce qui représente plus de 70 % de réduction - avec une réflexion simple et dirigée vers l’économie de nos ressources en eau tout en assurant une qualité de lavage maximale à nos clients. Mais pas seulement, car les produits lessiviels, les consommables tels que le sel pour adoucisseur et la maintenance sont réduits au maximum.
ëGEN PRO travaille avec une vision environnementale globale et vise l’impact le plus faible possible. C’est pour éviter un surdimensionnement des installations, réduire les coûts et la consommation d’eau que nous avons développé ce procédé et nos appareils.
Nous avons aussi développé un osmoseur avec adoucisseur intégré, une connexion WIFI afin de réduire notre impact environnemental. Moins de chimie, moins d’eau, SAV réduit… De nombreux clients dans l’HORESCA au Luxembourg en sont déjà équipés.
Mélanie Trélat
Article paru dans Neomag #70 - avril 2025