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Infrastructures sportives à Daillens (Vaud, Suisse) par localarchitecture

Infrastructures sportives à Daillens (Vaud, Suisse) par localarchitecture

Avec une attention particulière aux principes constructifs et au choix réfléchi des matériaux, le projet développé par localarchitecture agrège simplicité, cohérence, justesse et économie, sans oublier une douce poésie volumétrique. Une petite perle dans son écrin de verdure vaudoise.

Par sa faible empreinte environnementale, le projet des nouveaux vestiaires et buvette du centre sportif de Daillens est ambitieux et précurseur, et ce malgré un programme modeste. La commune possédait depuis les années septante des vestiaires devenus trop vétustes pour être rénovés. Elle décide par conséquent de fournir de nouvelles infrastructures à son équipe de football, le FC Venoge.

Le bâtiment s’organise suivant l’axe du terrain de football et s’étire avec élégance, coiffé d’une grande toiture en métal. Fin comme une feuille de papier, son faîte souligne les crêtes du Jura en arrière-plan. Principalement construit en bois, le bâtiment d’une emprise au sol inférieure à 400 m2 accueille des vestiaires et des douches pour les joueurs, mais aussi une buvette, des locaux annexes et un espace pour le club de pétanque.

Matériaux locaux et sur mesure

Si le mélèze utilisé provient en premier lieu des forêts communales, les 1 200 bottes de paille en petit format qui isolent les parois - fabriquées sur mesure grâce à de vieilles botteleuses remises en service pour l’occasion, sont fournies par les agriculteurs du village ; c’est la dimension d’une botte qui structure l’ensemble du projet et sert de référence au développement de ses moindres détails. Les ossatures en bois massif des murs ont été préfabriquées et isolées en atelier. La structure primaire est formée de 37 portiques répétitifs en bois lamellé-collé qui se répartissent équitablement en plan, selon la dimension des bottes de paille également. Ces ossatures élémentaires en sapin sont munies de consoles de longueurs variables et supportent le bardage teinté en vert et la fine toiture de métal ondulé.

Concavité accueillante

Le corps du bâtiment, protégé par un élégant débordement de toiture courbé, se divise en quatre volumes distincts qui s’organisent symétriquement depuis l’axe du terrain de sport. Ces volumes chauffés sont séparés par des espaces traversants couverts qui offrent des lieux de rencontre pour les équipes et, au centre, un vide commun où prend place la buvette. La grande coursive d’accès est rythmée côté terrain par la structure répétitive en bois ; côté champs, elle s’étend du parking vers l’horizon agricole et représente un long espace couvert qui permet l’accès au lieu à tous les usagers. Le bâtiment est légèrement détaché du sol, d’une hauteur de banc. Un esprit pavillonnaire qui offre une assise accueillante sur son pourtour lors de matchs ou pour profiter du soleil coté Jura.

Poétique composition

Entre les cadres clairs en bois naturel de la structure porteuse, les feuilles vertes formées de panneaux en planches de mélèze s’empilent et évoquent les bottes de paille qu’elles dissimulent. La ventilation est mise en valeur par des intercalaires en bois clairs également. Des éléments venant du monde de l’agriculture, comme la tôle de la toiture ou les grilles à fumier de sol, contrastent avec la sophistication de l’architecture du bois qui rend hommage au savoir-faire, à l’artisanat et à la souplesse de ce matériau.

Réutilisation attentive

Outre l’usage de matériaux locaux limitant les transports, une attention particulière a été portée à la réversibilité des éléments de construction. Le bâtiment a été pensé dans une logique de construction simple qui permet d’imaginer simultanément son éventuelle déconstruction. Dans un élan similaire, le réemploi d’éléments de l’ancienne infrastructure a été favorisé. L’ancien lavoir à chaussures a par exemple été replacé, de même que l’une des anciennes guérites du terrain qui dissimule une pompe à chaleur extérieure. Des panneaux photovoltaïques posés en surimposition alimentent en électricité les équipements et la pompe à chaleur. Un équilibre entre consommation et production est ainsi pratiquement atteint. L’usage du béton se limite au strict minimum au travers de fondations filantes.

Inauguré en septembre 2024, ce projet incarne discrètement une démarche aboutie à une époque marquée par le souci de responsabiliser l’homme vis-à-vis de ses ressources et son cadre de vie.

Textes originaux : ©localarchitecture ; adaptations & compléments : Régis Bigot, Arch. & Innovation Project Manager Neobuild GIE
Article paru dans Neomag #71 - juin 2025

Illustration : ©Matthieu Gafsou


Datas

Architectes : localarchitecture, Laurent Saurer, Antoine Robert-Grandpierre, Andrew Hugonnet
Maître d’ouvrage : Commune de Daillens, VD, Suisse
Ing. stabilité bois : Bureau Cambium, Yverdon-les-Bains Ingénieur civil
Ing. stabilité générale : 2M, Yverdon
Ing. HVAC : Energa SA, Yverdon-les-Bains/Lausanne
Paysagiste conseil : Pascal Heyraud sàrl, Neuchâtel

Construction bois : Amédée Berrut SA, Collombey
Préfabrication : E préfabriqué Sàrl, Pompaples
Menuiserie extérieure : Gindraux SA, Le Mont-sur-Lausanne
Menuiserie intérieure : Gallarotti Sàrl, Carouge

Récompense : Die Besten 2024, Hochparterre, Bronze Hase

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Publié le mardi 8 juillet 2025
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