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Qualité de l'air et gestion opérationnelle : un levier de performance

Qualité de l’air et gestion opérationnelle : un levier de performance

La qualité de l’air intérieur, pourtant cruciale, est encore souvent négligée. À l’heure où les normes environnementales se renforcent et où les entreprises optimisent leur consommation énergétique, des solutions innovantes émergent pour allier bien-être des occupants et efficacité du bâti.

L’immeuble de bureaux Dellizotti, basé sur le concept 2226 GmbH, illustre cette approche en intégrant une ventilation naturelle pilotée par des capteurs intelligents.

Rencontre avec Elise Rein, Team Manager Sustainable Design, et Franck Doron, Team Manager MEP chez Betic, part of Sweco.

Ce modèle remet en question les systèmes traditionnels de chauffage et de climatisation pour privilégier une régulation thermique passive, garantissant un air intérieur sain et une performance énergétique optimale. Décryptage d’une approche qui pourrait bien redéfinir les standards de la gestion des constructions.

Le concept 2226 GmbH : une régulation thermique passive

Développé par l’architecte Dietmar Eberle, ce principe repose sur une régulation thermique passive du bâtiment, sans chauffage ni climatisation. Il exploite l’inertie thermique des matériaux et une gestion intelligente des flux d’air pour maintenir une température ambiante stable entre 22 et 26 degrés toute l’année. Cette performance est atteinte grâce à une isolation optimisée et un contrôle rigoureux des échanges d’air.

L’un des piliers du concept 2226 GmbH appliqué au futur siège social de l’entreprise Dellizotti, situé à Bettembourg, est l’utilisation d’ouvrants automatisés pour assurer un renouvellement naturel de l’air. Contrairement à la ventilation mécanique traditionnelle, ce système ajuste l’apport d’air frais en fonction de certains critères. « Les ouvrants sont pilotés par des capteurs de CO2 et de température dont l’ouverture est adaptée en fonction des niveaux de pollution intérieure et des variations climatiques extérieures. La régulation automatique est prévue en se basant sur trois paramètres mesurés principaux : le niveau de CO2, la température intérieure et la température extérieure. On veillera en priorité à assurer une bonne qualité de l’air en conservant un bon niveau de CO2 : < 800 ppm de manière générale et < 1 000 ppm lorsque la température extérieure est inférieure à 5°C », explique Elise Rein, Team Manager Sustainable Design chez Betic, part of Sweco.

Le rôle clé des capteurs connectés

Un air intérieur de mauvaise qualité peut entraîner des conséquences sanitaires importantes : maux de tête, irritations respiratoires, fatigue chronique, voire pathologies plus graves. Dans un environnement de travail, une mauvaise qualité de l’air peut directement impacter la productivité.
L’optimisation de la qualité de l’air repose aujourd’hui sur des outils de mesure performants. Des capteurs connectés permettent de suivre en temps réel les niveaux de CO2, la température ou encore l’humidité. Cette surveillance en continu facilite la mise en place d’actions correctives et contribue à une gestion proactive des infrastructures. Le siège social de l’entreprise Dellizotti, s’inscrit dans cette dynamique en intégrant un système de capteurs de CO2 associé à une ventilation 100 % naturelle.

Cet immeuble de bureaux illustre parfaitement la manière dont une gestion opérationnelle axée sur la qualité de l’air intérieur peut concilier bien-être des occupants, efficacité énergétique et optimisation des coûts. L’intégration de technologies intelligentes, comme les capteurs connectés et la ventilation naturelle, permet de garantir un environnement sain tout en réduisant l’empreinte énergétique des bâtiments.

Maintenance et performance des systèmes HVAC

La maintenance régulière des systèmes de ventilation est un autre pilier de la gestion de la qualité de l’air. Des gaines de ventilation encrassées peuvent en effet favoriser la prolifération des moisissures et des bactéries, compromettant ainsi la pureté de l’air intérieur. Un entretien rigoureux de ces installations est donc essentiel pour assurer leur efficacité.

En outre, la maintenance préventive est essentielle puisqu’elle permet d’anticiper les problèmes avant leur apparition. Elle consiste en des vérifications et des interventions régulières visant à repérer les problèmes potentiels à un stade précoce. « Détecter et en régler les petits soucis avant qu’ils n’évoluent en réparations importantes permet d’éviter des dépenses de réparation élevées. De plus, un entretien régulier contribue à garantir des performances optimales » souligne Franck Doron, Team Manager MEP chez Betic, part of Sweco.

Dans un monde où la santé et l’environnement sont des enjeux majeurs, la qualité de l’air intérieur ne doit plus être une option mais une priorité incontournable. Elle représente d’ailleurs aujourd’hui un levier clé pour conjuguer bien-être des occupants et efficacité énergétique des bâtiments. Pourtant, elle ne se limite pas à un simple contrôle du CO2 ou de la température. La présence d’autres polluants, souvent invisibles, impose une approche plus globale et rigoureuse. C’est dans cette optique que des experts du secteur, dont Franck Doron, Team Manager MEP chez Betic, part of Sweco, se sont réunis au sein de LIAVA (Luxembourg Indoor Air & Ventilation Association) afin de redéfinir les critères d’un air sain et d’identifier les meilleures stratégies – qu’elles soient passives ou actives – pour y parvenir. Face aux défis environnementaux et sanitaires, l’avenir du bâtiment durable passe donc par une gestion toujours plus intelligente et intégrée de la qualité de l’air intérieur.

Bouwteam

  • Exécution façades : Paille-Tech scrl
  • Exécution générale : DZ Construct

Équipe de maîtrise d’œuvre

  • Concept général et AMO : Neobuild GIE
  • Coordination exécution : Francis Schwall
  • Architecture : AU21, Yvore Schiltz
  • Stabilité : Athena Ingénieurs
  • Concept thermique : 2226 GmbH
  • Techniques spéciales : Betic, part of Sweco
  • Conseil & bilan carbone : MBauen, Benoit Martin

Article paru dans Neomag #70 - avril 2025

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Publié le lundi 19 mai 2025
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