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Focus sur une thématique pointue à travers le regard aiguisé d’experts en la matière

Publié le 22 avril 2024
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avril 2024

Décarbo-Nation

La réduction de l’empreinte carbone dans la construction requiert une approche réfléchie qui privilégie sobriété et efficacité. Au-delà de substituer des matériaux, réviser les besoins initiaux et moderniser le bâti existant sont essentiels, tout comme le fait d’impliquer tous les acteurs de la chaîne de valeur à un stade précoce du projet.

Décarbo-Nation
L'importance d'une action concertée pour atteindre l'objectif zéro carbone
L’importance d’une action concertée pour atteindre l’objectif zéro carbone

Nos experts livrent leurs réflexions sur l’intérêt du bilan carbone pour initier une démarche cohérente de décarbonation, la responsabilité des fabricants dans l’adoption de matériaux décarbonés, l’importance d’une approche incluant toute la chaîne de valeur dès la conception et le poids de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables.

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Anass Haddaji,

Responsable opérationnel chez COCERT

« Le bilan carbone est un sujet d’actualité dont nous discutons entre collègues pour trouver la démarche pertinente qui permettra de lancer la décarbonation. Ce n’est rien d’autre que la somme de toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES), qu’elles soient directes ou indirectes, générées par une organisation pendant une période donnée. La méthode basée sur la norme ISO 14064 propose une démarche d’amélioration continue ciblant les organisations, les collectivités et les territoires, qui fournit un cadre complet pour évaluer les impacts environnementaux et, par la suite, les réduire.

Elle passe par cinq étapes clés que sont la désignation d’un expert et la sensibilisation des équipes, la définition des périmètres temporel, organisationnel et fonctionnel, la collecte des données et l’exploitation des résultats, la mise en place d’un plan d’actions de réduction et enfin, la synthèse et la restitution du rapport.

Le bilan carbone permet d’identifier les postes les plus émetteurs de GES, de mesurer la dépendance aux énergies fossiles, de définir des mesures pour réduire cette dépendance, de réfléchir à la stratégie de développement de l’organisation, d’anticiper les contraintes réglementaires et d’améliorer l’image de l’organisation. En somme, c’est un outil essentiel pour une gestion environnementale efficace et durable. De plus, dans le contexte légal et administratif actuel, il est devenu incontournable.

Les obligations réglementaires, dont le Plan National Énergie Climat (PNEC) qui vise une diminution des GES de 55 % d’ici 2030 et 100 % d’ici 2050, ainsi que l’augmentation progressive de la taxe carbone, renforcent la nécessité d’une telle démarche. Sur le plan économique, les mécanismes de compensation et le branding jouent un rôle crucial, tout comme les demandes des parties prenantes sur le plan social. »

Benoît Lespagnol,

Directeur Général de All In One Technologies

« La décarbonation est au centre de tous nos projets, qui sont axés sur l’efficience énergétique, les énergies renouvelables et la récupération de chaleur. C’est en faisant économiser de l’énergie à nos clients que nous participons aux efforts vers la neutralité carbone. Aujourd’hui, des solutions techniques existent pour décarboner la plupart des situations. Dans les bâtiments neufs, la production d’énergie peut l’être en combinant pompes à chaleur et panneaux photovoltaïques. Dans les bâtiments existants, il est conseillé de remplacer progressivement les équipements à énergies fossiles par des alternatives à électricité verte ou à biomasse. Des solutions hybrides peuvent également être envisagées, les installations existantes sont alors conservées pour les pointes, en complément des pompes à chaleur. Contrairement à certaines idées reçues, de nombreux systèmes de chauffage à haute température peuvent être remplacés par une pompe à chaleur. Tout est une question de choix technologique et de dimensionnement. Par ailleurs, un monitoring énergétique actif et efficace des installations est primordial pour une utilisation intelligente et optimale des flux énergétiques, avec des économies d’au moins 5 à 10 % à la clé. La meilleure énergie est encore celle qui n’est pas consommée. »

Lee Franck,

Ingénieure experte en décarbonation chez LEEN

« Le défi de la réduction de l’empreinte carbone de la construction nécessite une approche réfléchie et globale, qui met l’accent sur la sobriété et l’efficacité. Plutôt que de simplement remplacer les matériaux traditionnels par des alternatives à faible empreinte carbone, il est essentiel de repenser nos besoins initiaux, de moderniser et réaffecter le bâti existant plutôt que le démolir et de se tourner vers une conception intelligente, privilégiant des systèmes de construction moins consommateurs en matériaux et facilitant la déconstruction et la réutilisation. Il est crucial d’impliquer toute l’équipe de maîtrise d’oeuvre dès les premières phases du projet, pour que les ingénieurs puissent jouer leur rôle en proposant des solutions pour diminuer les quantités de matériaux nécessaires. Une approche collaborative où chaque partie prenante contribue à la réflexion et à l’évaluation des différentes options, ainsi qu’une quantification des émissions de carbone sont indispensables pour guider le projet dans la bonne direction. En exploitant pleinement les leviers à notre disposition, une réduction significative de l’empreinte carbone est réalisable, avec un potentiel accru si l’ensemble de l’écosystème de la construction est engagé. Il est urgent d’agir dès maintenant, car les années à venir jusqu’à 2030 sont critiques. Des actions immédiates sont nécessaires pour éviter des mesures drastiques à l’avenir. »

Christian Rech,

Fondé de pouvoir chez CIMALUX

« La responsabilité de proposer des matériaux décarbonés repose sur les industriels qui disposent de leviers à court terme comme l’utilisation de combustibles secondaires biogènes et l’optimisation des formulations, ainsi que des solutions à moyen/long terme comme le captage de CO2. Cependant, il est capital que tous les acteurs de la chaîne de valeur participent à la réduction de l’empreinte carbone. Diverses approches sont possibles. Par exemple substituer des matériaux plus émetteurs de CO2 par des alternatives moins émettrices ou utiliser des matériaux plus performants pour réduire les volumes nécessaires. Cette démarche complexe nécessite une coordination entre tous les acteurs, avec une approche prenant en compte une multitude de critères tels que le coût global, l’impact sur les utilisateurs, la société, l’environnement, le climat ou l’utilisation rationnelle des ressources tout au long du cycle de vie des bâtiments. Les décisions prises aujourd’hui auront des répercussions pendant des décennies, d’où l’importance de considérer chaque projet de manière individuelle et d’adopter une approche holistique pour atteindre des objectifs optimaux en matière de soutenabilité. »

Propos recueillis par Mélanie Trélat

Enjeux, méthodologies et pistes d'action
Enjeux, méthodologies et pistes d’action

Le CNCD offre un cadre propice à la collaboration entre tous les acteurs de la chaîne de valeur de la construction, qu’ils soient publics ou privés, pour élaborer les méthodes qui permettront au secteur de faire face aux enjeux et mutations actuels et de contribuer à atteindre les objectifs de décarbonation fixés par l’UE.

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Pourriez-vous nous rappeler le cadre réglementaire ?

Paul Schosseler : Dans l’accord de Paris, l’Union européenne s’est engagée à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Pour y parvenir, elle a lancé le Green Deal qui repositionne l’économie dans sa globalité, avec des exigences propres à chaque secteur déclinées dans le Plan National Énergie Climat (PNEC). La directive sur la performance énergétique des bâtiments a, par ailleurs, été l’objet d’une refonte, votée le 12 mars par le Parlement. Une évolution importante est que l’objectif visé passe de « nearly zero energy buildings » à « nearly zero emissions buildings », sans émissions carbone en provenance d’énergies fossiles sur site. Une autre évolution cruciale est que le certificat de performance énergétique du bâtiment prendra désormais en compte le carbone émis non seulement lors de l’utilisation du bâtiment, mais sur l’ensemble de son cycle de vie, depuis la fabrication des matériaux jusqu’à leur revalorisation ultérieure. Pour mettre ces exigences en œuvre, les délais sont serrés puisqu’ils sont fixés à 2028 pour le calcul du potentiel de réchauffement planétaire (PRP) sur tout le cycle de vie du bâtiment pour les bâtiments avec une surface utile supérieure à 1 000 m2, et à 2030 pour tous les bâtiments !

Quel rôle le CNCD joue-t-il dans ce contexte ?

PS : Nous voulons élaborer une méthodologie luxembourgeoise permettant de calculer l’empreinte carbone globale des bâtiments sur tout leur cycle de vie, qui soit adaptée au contexte luxembourgeois tout en profitant au maximum d’expériences faites dans nos pays voisins. C’est pourquoi nous avons défini une feuille de route construction bas carbone, portée par le ministère de l’Économie et présentée en juin 2023. En tant que think tank public-private, le CNCD est un cadre idéal pour discuter ensemble des méthodes à mettre en œuvre puisqu’il regroupe tous les acteurs de la chaîne de valeur à commencer par, du côté privé, les fabricants de matériaux (Groupement des Fabricants de Matériaux de Construction), les industriels (FEDIL), les concepteurs (OAI), les constructeurs (CDEC), les artisans (Fédération des Artisans et Chambre des Métiers), et les promoteurs (LuxReal) auxquels se joignent, du côté public, quatre ministères : Économie (avec les directions générales Énergie et Industrie, nouvelles technologies et recherche), Logement, Environnement et Travaux publics.

Après la conférence nationale de lancement de la feuille de route en septembre 2023, quelles ont été et seront les étapes suivantes ?

PS : Nous organisons des séminaires pour approfondir certaines thématiques. Deux séminaires ont déjà eu lieu. Le premier, organisé par le ministère de l’Économie en novembre, a permis de présenter les différents outils réglementaires à notre disposition et de définir la direction à prendre. Le deuxième, porté par la FEDIL en mars 2024, avait pour thème les déclarations environnementales de produits (DEP). Un prochain séminaire, prévu en collaboration avec l’OAI, portera sur la conception. Et en automne, CDEC proposera une session sur l’empreinte carbone des entreprises de construction et de la phase chantier.

De quoi parle-t-on quand on parle de méthodologies ?

PS : Il s’agit de réaliser une analyse du cycle de vie (ACV) des bâtiments avec un focus sur le carbone, mais en intégrant aussi d’autres paramètres comme la biodiversité ou l’eau. Pour ce faire, nous avons besoin d’un relevé des matériaux mis en œuvre avec, pour chacun d’eux, leur quantité et leur empreinte carbone. Or, il faut avant toute chose harmoniser les bilans carbone des matériaux utilisés au Luxembourg car nous importons des matériaux de différents pays où la méthode de calcul diffère, même si elle est basée sur la même norme. Nous devons adopter une vue holistique qui prend en considération non seulement les émissions nationales, mais celles de toute la chaîne de valeur. Trouver les mécanismes qui aideront le secteur à développer ces outils très importants que sont les DEP est primordial, parce qu’ils seront demandés à l’avenir pour calculer l’empreinte carbone des bâtiments et se positionner sur les marchés extérieurs. Ces données nous permettront également de définir des objectifs clairs et de déterminer les trajectoires et les leviers pour les atteindre.

Quelles sont les pistes à explorer pour décarboner le secteur ?

Bruno Renders : Il faut suivre le principe des 4 R - Rethink, Reduce, Reuse, Recycle. « Rethink », c’est concevoir les bâtiments différemment, privilégier la sobriété et alléger les structures avec des matériaux moins carbonés et plus performants, combiner les matériaux traditionnels - dont il est irréaliste de croire qu’on pourra se passer - avec des matériaux biosourcés, imaginer des bâtiments adaptables, modulables, multifonctionnels pour maximiser leur durée de vie, intégrer de nouveaux modèles d’exploitation basés sur une vision d’économie du partage. « Reduce » est lié à la notion de sobriété, qui est primordiale, et à celle de réutilisation ; mais pour pouvoir réutiliser, il faut mieux construire, et pour pouvoir mieux construire, il faut mieux fabriquer et pour mieux fabriquer, il faut mieux designer. Enfin, il faut recycler ce qui n’est ni réductible ni réutilisable.

La rénovation est aussi un levier important pour augmenter l’offre de bâtiments tout en émettant moins de carbone…

PS : La moitié des bâtiments de 2050 – date à laquelle nous devons atteindre la neutralité carbone - existent déjà aujourd’hui, et leur construction, les matériaux utilisés, ont émis du CO2. Ça n’aurait donc pas de sens de les démolir tous pour les remplacer par des bâtiments à émissions zéro, ni du point de vue de l’impact carbone et des ressources disponibles, ni du point de vue fonctionnel ou patrimonial. Le Luxembourg prévoit une politique de rénovation ambitieuse. Or, les produits et matériaux utilisés pour la rénovation ont également un poids carbone. Il importe d’adopter également une vue holistique de réduction des émissions sur tout le cycle de vie lors de la rénovation de bâtiments. Ensuite, il faut trouver les bonnes approches pour la mise en œuvre car de nombreux freins subsistent : coordination des corps de métier, bâtiment qui est en chantier pour une période prolongée, etc. Des projets pilotes et aides spécifiques sont prévus pour éliminer ces freins.

BR : La rénovation doit s’entendre comme un processus intégré qui permet de rénover l’existant en améliorant son efficacité énergétique et carbone autant que le confort. La rénovation couvre aussi d’autres éléments comme l’extension verticale et horizontale des bâtiments existants, la refonctionnalisation - bureaux vers logements , par exemple -, ou la réversibilité de bâtiments. On pourrait envisager notamment d’ajouter un étage ou deux aux bâtiments existants avec des structures légères, en bois ou autre, ou d’y intégrer des fonctions nobles de production d’énergie ou d’agriculture urbaine, mais il faut que la réglementation nous le permette et que cela s’intègre dans une approche urbanistique holistique.

Quelle est l’incidence de la taxonomie ?

BR : Les décisions sont également influencées par le secteur financier, qui impose des critères ESG aux grands projets. Les maîtres d’ouvrage sont ainsi incités à privilégier des constructions moins carbonées et plus respectueuses de l’environnement. Cette évaluation des entreprises et organisations devrait permettre de promouvoir leur engagement environnemental et les efforts de décarbonation consentis pour proposer une évaluation qualitative durable de ces organisations plutôt qu’une simple évaluation financière classique.

La taxonomie européenne consiste à demander aux entreprises de rendre compte de leurs émissions, en les évaluant sur la qualité de leur mise en œuvre environnementale, ce qui est très intelligent car cela permet aux entreprises les plus responsables et les plus vertueuses de se mettre en avant, favorisant une concurrence plus équitable. Ce processus incite les entreprises à s’engager rapidement dans des pratiques plus durables pour rester compétitives.

Mélanie Trélat

Décarbonation : vers un futur durable
Décarbonation : vers un futur durable

Le changement climatique représente l’un des défis les plus pressants de notre époque. En 2021, l’Europe a lancé le pacte vert Fit For 55, visant la neutralité carbone d’ici 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’au moins 55 % d’ici 2030.

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Ce plan ambitieux nécessite une action concertée de la part des gouvernements, des entreprises et des citoyens. Les entreprises jouent un rôle crucial dans la réalisation de ces objectifs, car elles représentent une part significative des émissions de GES. Par ailleurs, le domaine de la construction est responsable de plus de 39 % des émissions de CO2 et de près de 35 % des déchets en Europe.

Alors que 2030 approche à grands pas, les différents acteurs doivent redoubler d’efforts pour contribuer à cet objectif ambitieux. Le pacte vert Fit For 55 offre également des incitations et des mécanismes de soutien pour aider les entreprises à effectuer cette transition vers une économie plus verte. Cela comprend des financements spécifiques pour les projets d’innovation et de décarbonation, ainsi que des incitations fiscales et réglementaires pour encourager l’adoption de pratiques durables.

La décarbonation se présente alors comme l’un des enjeux majeurs de notre société. Mais comment les entreprises peuvent-elles s’engager dans cette voie ? Les solutions sont multiples, allant des bilans carbone aux certifications, en passant par l’analyse du cycle de vie ou encore l’alignement à la taxonomie verte européenne. Cependant, l’engagement et la volonté demeurent la clé de tout processus de décarbonation.

Pour parler de décarbonation, il est important de comprendre qu’il s’agit d’un processus qui vise à réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2). Cela représente un défi technologique, humain et financier pour les entreprises du secteur de la construction. Face à l’évolution de ces défis environnementaux, la taxonomie verte européenne fournit un cadre commun pour classer les activités, tandis que l’analyse de cycle de vie se distingue comme l’outil le plus avancé et rigoureux pour évaluer de manière globale et multicritère les impacts d’un bâtiment. Ces deux éléments, bien que distincts, sont complémentaires et indispensables pour avancer dans la transition écologique.

La taxonomie européenne offre un cadre clair pour classer les activités économiques en fonction de leur impact sur l’environnement et la société. L’objectif de cette initiative est d’impulser le financement de la transition écologique en facilitant l’orientation des capitaux des acteurs financiers vers les activités et technologies plus durables. Pour ce faire, la taxonomie impose de nouvelles obligations de reporting aux entreprises, les obligeant à communiquer sur la durabilité de leurs activités. Cette transparence aide les investisseurs à prendre des décisions éclairées et à financer des initiatives respectueuses de l’environnement.

Parmi les critères techniques de la taxonomie spécifiques au secteur de la construction, les nouveaux bâtiments, construits après 2020, de plus de 5 000 m2 devront avoir réalisé une analyse de cycle de vie. Il s’agit d’une méthode d’évaluation de l’impact environnemental d’un bâtiment tout au long de son cycle de vie, de l’extraction des matières premières à sa fin de vie. En analysant les ressources utilisées, les émissions générées et les effets sur l’environnement, l’analyse de cycle de vie fournit une image complète de l’empreinte écologique d’un bâtiment. L’intégration de l’analyse de cycle de vie dans les processus de développement et de construction permet aux entreprises de prendre des mesures concrètes pour réduire leur impact environnemental. Ce processus guide les choix de conception architecturale et de matériaux, améliorant ainsi la performance énergétique et environnementale des bâtiments.

Les entreprises doivent mobiliser tous leurs efforts pour réduire leur empreinte carbone et contribuer à la lutte contre le changement climatique. Notre société se retrouve face à une opportunité unique de repenser les pratiques et de construire un avenir plus vert pour tous. En intégrant des outils avancés tels que l’analyse de cycle de vie et en visant des certifications environnementales telles que LCBI, BREEAM, LEED et DGNB, les acteurs du secteur de la construction peuvent renforcer leur engagement en faveur de la décarbonation. En adoptant une approche proactive, ils peuvent aussi réaliser des bilans carbone, identifiant ainsi les principaux postes d’émissions, tels que les déplacements, la sous-traitance et le parc automobile par exemple.

Info.lux@groupseco.com

La nécessité d'une collaboration itérative
La nécessité d’une collaboration itérative

Pour parvenir aux objectifs de réduction des émissions de carbone dans le domaine de la construction, il ne suffit pas de substituer des matériaux conventionnels par des équivalents moins carbonés.

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De quels moyens les fabricants de matériaux disposent-ils pour décarboner leurs process de production ?

Christian Rech : Les industriels disposent d’ores et déjà de leviers activables à court terme. Ceux-ci consistent par exemple, pour l’industrie cimentière, à recourir à davantage de combustibles secondaires d’origine biogénique, à la substitution d’une partie du clinker par d’autres constituants moins émissifs ou, pour les producteurs de béton, à l’optimisation de leurs formulations. D’autres leviers doivent être envisagés à plus long terme - typiquement le captage et le stockage de CO2 qui requiert au préalable de bénéficier de technologies industrielles matures, d’avoir accès à de grandes quantités d’énergie renouvelable et de disposer d’une infrastructure de transport de CO2. Du fait de cette différence de temporalité, il est fondamental que l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur contribuent dès à présent à réduire les émissions de CO2 du secteur de la construction.

C’est là qu’intervient la conception. Peut-elle permettre de couvrir le gap entre les économies de CO2 réalisées grâce à ces mesures et les objectifs européens ?

Lee Franck : Les réponses aux grandes questions que posent les principes de sobriété et d’efficacité en amont d’un projet ont un impact majeur. Pour réduire l’empreinte carbone d’un projet, le 1er réflexe doit être de se demander comment réduire les quantités de matériaux. Cela débute par une remise en question systématique de la demande : est-il vraiment nécessaire de construire ? Sachant qu’on bâtit aujourd’hui l’équivalent de la ville de Paris chaque semaine dans le monde et que, dans les pays du Nord, nous avons déjà un important patrimoine construit, nous devons, avant toute chose, tenter de répondre aux besoins avec l’existant. Ceci en privilégiant la réaffectation par la rénovation, la modernisation ou la transformation des fonctions pour éviter la démolition. Dans un 2e temps, il faut réfléchir à la réintégration d’éléments existants dans les nouveaux bâtiments. La réutilisation et le réemploi doivent être facilités et la déconstruction systématisée à cette fin. Finalement, une conception intelligente, qui limite les ouvrages en sous-sols, raccourcit les portées, évite les grands porte-à-faux ainsi que la discontinuité des structures porteuses verticales recherchera l’efficience dans l’utilisation des ressources. Privilégier des systèmes économes en matériaux tels que des dalles nervurées ou des caissons participe de cette démarche. Et, bien sûr, une fois les concepts adéquats choisis, il faut veiller à la juste spécification des matériaux.

On en revient au rôle de l’industriel. Quel est-il ?

CR : Il relève de notre responsabilité de mettre à disposition une palette de matériaux qui répondent aux exigences de décarbonation à travers différentes approches. Ceci peut se faire en réduisant d’une part les émissions spécifiques de GES des matériaux comme évoqué plus haut et en proposant d’autre part des matériaux présentant des performances mécaniques plus élevées. Ces derniers permettent de concevoir des systèmes constructifs plus efficients et de réduire ainsi les volumes nécessaires. En optant pour des matériaux tels que, par exemple, des aciers ou bétons à hautes performances, même s’ils peuvent émettre plus de CO2 par unité, il est possible de diminuer considérablement les émissions d’un ouvrage grâce à la réduction des masses mises en œuvre.
La problématique n’en reste pas moins complexe et nécessite une approche holistique cohérente pour atteindre un objectif défini par de multiples critères qui doivent être pondérés. Il n’existe pas de solution unique qui consisterait à simplement recourir aux matériaux présentant les plus faibles émissions spécifiques par unité. De nombreux critères sont à évaluer. C’est pourquoi il est essentiel que toute la chaîne de valeur se coordonne et collabore en formant des boucles itératives en amont du projet de manière à déterminer l’optimum atteignable.

Comment la manière de collaborer doit-elle évoluer ?

LF : L’ensemble de l’équipe de maîtrise d’œuvre doit être engagé dans le projet et ce, dès l’APS. Dans cette phase où des décisions cruciales sont prises, les ingénieurs peuvent apporter leur savoir-faire pour optimiser les systèmes constructifs et réduire les quantités de matériaux. Il faut sortir des silos, adopter une vision globale, que chacun s’intéresse aux besoins de l’autre, que la proposition de départ de l’architecte soit discutée et rediscutée. Il faut aussi quantifier le carbone, en considérant chaque solution proposée, en l’évaluant et en la comparant aux autres, et, bien sûr, avoir du feeling pour apprécier les hypothèses émises et guider le projet dans la bonne direction.

Cela a-t-il des répercussions en termes de coûts ?

CR : Nous devons adopter une approche à coût global qui considère l’investissement de départ ainsi que les coûts liés à l’exploitation, l’entretien, la réparation et la modification du bâtiment. À ceux-ci s’ajoutent les coûts de l’impact du bâtiment sur ses utilisateurs et sur son environnement immédiat. Finalement, le coût global partagé doit tenir compte de l’incidence d’un ouvrage sur la société respectivement les piliers du développement durable de manière générale. Ces coûts sont déterminés par la monétarisation des externalités qu’il génère : son incidence sur le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources, la biodiversité, la santé publique ou encore ses qualités culturelles, son niveau de résilience, sa circularité, etc. C’est cette multitude de paramètres qu’il faut pondérer. La priorité est aujourd’hui de réduire les émissions de CO2 liées aux bâtiments. Cependant, de par les flux de matériaux générés et l’échelle d’espace et de temps sur laquelle il faut considérer non seulement l’espace bâti mais également les politiques orientant la construction, nous ne pouvons-nous permettre d’ignorer les autres critères. Les orientations que nous prenons aujourd’hui nous impacteront pendant plusieurs décennies. Nous ne pouvons-nous soustraire à la responsabilité que cela implique et celle-ci nous oblige à sortir de notre zone de confort.

Une conclusion ?

LF : En tant que concepteurs, nous avons déjà des leviers à disposition. Nous pouvons atteindre sans difficulté 10 % de réduction de l’empreinte carbone, 25 % si l’équipe de maîtrise d’œuvre collabore efficacement, et 50 % si tout l’écosystème – y inclus les maîtres d’ouvrage, entreprises de construction, et fabricants de matériaux - est impliqué. Nous ne pouvons plus attendre, car les années que nous vivons actuellement jusqu’à 2030, sont critiques. Si nous n’infléchissons pas les tendances dès à présent, il faudra ensuite être très drastique, à supposer que nous disposions encore de solutions efficaces d’ici-là.

Mélanie Trélat

L'acier, matériau de choix pour relever le défi climatique
L’acier, matériau de choix pour relever le défi climatique

Réduire les émissions de CO2 liées aux bâtiments implique d’agir à tous les niveaux. La production de matériaux est évidemment impactante et l’acier, élément incontournable dans la construction mais aussi matériau le plus recyclé au monde, recèle encore un fort potentiel pour réduire son empreinte carbone.

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Pourriez-vous donner quelques chiffres significatifs du challenge que représente la décarbonation de la construction ?

Le secteur de la construction est responsable de 40 % des émissions globales de CO2. La moitié de l’acier produit au niveau mondial, tel que celui que nous fabriquons au Luxembourg, finit dans les bâtiments : structures, façades, toitures, mais aussi systèmes de ventilation et câblages. L’acier est donc directement concerné par cette problématique.

On estime, par ailleurs, que le nombre de m2 construits dans le monde devra être doublé d’ici 2050/2060 pour répondre à l’augmentation d’une part de la population et d’autre part de la surface construite par personne. Ce qui veut dire que, même si l’entièreté du bâti actuel était rénovée, il faudrait tout de même encore construire la même quantité de bâtiments que celle qui existe déjà.

Pour contribuer aux efforts de décarbonation, ArcelorMittal peut agir sur un levier qui est la réduction de l’impact environnemental de la production de l’acier. Comment vous y prenez-vous ?

Nous travaillons sur le cycle du carbone. Nous le faisons, par exemple, dans le projet Carbalyst®, mené sur notre site de Gand en Belgique, qui consiste à capturer le carbone sortant des hauts-fourneaux pour le réutiliser et générer de l’éthanol. Le CO2 transite par un système à base d’algues qui réagissent en produisant de l’éthanol, que nous distillons.

Nous essayons aussi de réduire notre impact CO2 à l’entrée des hauts-fourneaux. Nous avons investi dans une installation industrielle - toujours à Gand - qui s’appelle Torero. Elle a pour vocation de torréfier des résidus de bois et de plastique, qui sont ensuite injectés dans le haut-fourneau en remplacement d’une partie du coke.

Votre production au Luxembourg est composée à 100 % d’acier recyclé issu de chantiers de démolition, de vieilles voitures ou des parcs à containers. Qu’est-ce qui fait de l’acier le matériau le plus recyclé au monde ?

Premièrement, il est très facile à séparer des autres matériaux de par ses propriétés magnétiques. Ensuite, lorsqu’on refond de l’acier, on récupère de l’acier. C’est une boucle infinie.

L’impact environnemental de la production d’acier recyclé est-elle beaucoup plus faible que celui d’une production primaire ? Combien de CO2 permet-elle d’épargner ?

Elle est effectivement plus faible, et ce d’autant plus que nous refondons les pièces, non pas avec du charbon, mais avec de l’électricité issue du réseau luxembourgeois où la part de nucléaire et d’énergie renouvelable est importante - donc les émissions de CO2 très faibles -, et nous avons aussi des accords avec des producteurs d’énergie renouvelable pour garantir un approvisionnement suffisant et pouvoir produire certains produits avec 100 % d’énergie renouvelable.
Il existe une autre technologie industrielle que je n’ai pas évoquée et que nous sommes les seuls à utiliser en Europe : la réduction directe. Ce procédé part du minerai de fer, mais l’acier en est extrait en utilisant du gaz, et non du charbon. Un haut-fourneau classique émet environ 2,4 t de CO2 / t d’acier produit. Lorsqu’un acier primaire est produit par réduction directe, ce chiffre est divisé par deux pour atteindre 1,2 t de CO2 / t d’acier produit. Nos usines luxembourgeoises de production d’acier recyclé ne dégagent que 500 à 600 kg de CO2 / t d’acier produit et si, en plus, on utilise de l’énergie renouvelable, on descend entre 300 et 350 kg de CO2 / t d’acier produit. Une poutrelle représente 333 kg de CO2 /t d’acier.

Et nous poursuivons nos efforts d’innovation en la matière. Nous sommes notamment en train de construire un nouveau four électrique à Belval, plus performant et moins énergivore que le four existant, qui représente un investissement de l’ordre de 67 millions d’euros.

Ces mesures sont-elles globalement suffisantes pour atteindre les objectifs de neutralité carbone ?

Non, bien sûr. Chaque maillon de la chaîne a un rôle à jouer : les fabricants comme nous qui ont la charge de diminuer l’impact environnemental des matériaux, mais aussi les architectes dont la responsabilité est de dessiner des bâtiments plus flexibles et les ingénieurs qui ont pour mission d’optimiser l’utilisation des matériaux, d’en utiliser le moins possible et de les mixer.

La plupart des bâtiments démolis aujourd’hui le sont, non pas pour des raisons structurelles mais parce que leur agencement intérieur ne correspond plus aux besoins des utilisateurs. Il est donc primordial de changer la manière dont on les conçoit : au lieu de créer des bâtiments avec des murs et des colonnes qui empêchent toute modularité, il faudrait y intégrer les évolutions futures et proposer de grands plateaux ouverts qui permettraient, par exemple, de passer d’un open space à des bureaux fermés ou des salles de réunion.

D’autre part, il importe de découpler les fonctions pour allonger la durée de vie des bâtiments. Dans de nombreux bâtiments, la façade est à la fois isolante mais aussi portante, ce qui signifie qu’on ne pourra pas la « déplugger » pour en installer une nouvelle quand la réglementation thermique aura évolué.

Un autre point essentiel est d’utiliser moins de matériaux et surtout de mieux les utiliser, c’est-à-dire de privilégier les matériaux à hautes performances et de les combiner intelligemment entre eux. Je suis un fervent défenseur de l’idée qu’il ne faut pas considérer qu’il existe un matériau supérieur aux autres, mais qu’il faut plutôt les associer de manière à exploiter les qualités de chacun. Dans cet esprit, je citerai un projet que nous avons avec l’Université du Luxembourg dans le cadre duquel nous travaillons sur la mixité acier-béton et acier-bois dans les bâtiments, des combinaisons qui permettent d’optimiser les structures et d’utiliser moins d’acier.

L’empreinte carbone d’un bâtiment tertiaire conçu avec des matériaux déjà disponibles comme le béton à haute résistance et l’acier à haute limite élastique, décarboné et produit au Luxembourg, est deux fois moindre que celle d’un bâtiment traditionnel.

Des coûts supplémentaires sont-ils à prévoir pour les bâtiments décarbonés ?

Pour les aciers « longs » incorporés dans les bâtiments, comme les poutrelles par esemple, le surcoût se situe seulement entre 1 et 2 euros/m2 construit. En effet, la réduction de la quantité de matériaux résultant de l’utilisation de ces aciers plus performants compense le coût plus élevé de ces matériaux décarbonés.

Une tendance émergente est la réutilisation des matériaux. L’acier s’y prête-t-il ?

Parfaitement, car les profils en acier sont standards. En Europe, ils sont assemblés sur site par boulonnage et sont donc démontables. De plus, un profil qui, dans un bâtiment, n’est pas soumis à la fatigue et est protégé de la corrosion a une durée de vie quasi-illimitée.
La Cour de justice de l’Union européenne au Kirchberg, par exemple, a été démontée et remontée par l’architecte Dominique Perrault il y a plusieurs années, tout comme l’ont été la bibliothèque de l’Université du Luxembourg, ce magnifique bâtiment en acier et en verre à Belval, et le bâtiment voisin.

Déconstruction et réutilisation sont des principes qui sous-tendent également le futur siège d’ArcelorMittal. Ce projet a vocation à montrer qu’il est possible de construire un bâtiment de grande hauteur avec une structure démontable et potentiellement réutilisable en acier décarboné, produit localement. Outre la démontabilité, ce bâtiment incarne tous les aspects que je vous ai décrits : une architecture sans poteaux sur une longueur de 18 m, une structure mixte et l’emploi d’éléments standards en acier à haute limite élastique.

Quels sont les freins au réemploi à grande échelle ?

Il faut que les bâtiments soient conçus pour être déconstruits. L’intention y est, mais les instruments incitatifs pour le faire ne sont pas encore en place : des subsides sont accordés à ceux qui réutilisent des matériaux, mais pas encore à ceux qui dessinent des bâtiments démontables.
Le problème n’est pas d’ordre technique, comme nous l’avons démontré dans le projet « Petite Maison » à Belval, mené de pair avec l’Université du Luxembourg et Béton Feidt. Cette maison a été conçue pour être entièrement démontable. Elle a d’ailleurs déjà été démontée et nous sommes en train d’étudier le vieillissement des matériaux pendant le stockage.

Puisque vous parlez de stockage, où entreposer les éléments démontés ?

Il est clair qu’une nouvelle économie est à mettre en place autour du stockage et de la réutilisation. Le marché de la construction est déjà organisé avec des stocks qui permettent d’approvisionner les différents chantiers. Il n’est pas exclu que ces stocks puissent également contenir une partie de matériaux réutilisés. Il existe déjà des stockistes aux Pays-Bas et en Angleterre qui gèrent un stock d’acier structurel récupéré, prêt à être réutilisé.

Mélanie Trélat

Pour une décarbonation transparente et saine de la menuiserie extérieure
Pour une décarbonation transparente et saine de la menuiserie extérieure

Hydro a franchi un pas crucial en 2018, en mettant en place une approche holistique de réduction de son impact carbone basée sur trois piliers : produits, société et environnement. L’objectif est de diviser son bilan carbone par deux à l’horizon 2025. Fin 2023, il enregistrait déjà une réduction de 40 %. Tous les feux sont donc au vert.

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Comment votre démarche de réduction de votre impact carbone se traduit-elle dans les faits ?

Nous considérons la globalité de la vie du produit tout en gardant le focus sur ses performances thermiques et acoustiques. Avec le développement de produits à très hautes performances, l’incidence de l’impact de la partie construction d’un bâtiment est amenée à augmenter. Nous agissons donc sur l’ensemble de la chaîne : matériaux (aluminium, mais aussi polyamides), processus, transport...

La collaboration avec les architectes, ingénieurs, promoteurs, menuisiers et façadiers est essentielle. Nous travaillons, par exemple, sur l’intégration de nos systèmes dans des bâtiments d’habitation collective et de bureaux où une ventilation automatisée sera mise en place. Ce projet a donné lieu à de nombreuses réunions sur une approche industrielle qui impliquerait la préfabrication en usine d’éléments de murs dans lesquels les châssis seraient déjà intégrés.

En parallèle, nous réfléchissons à la démontabilité. Il existe notamment un système de précadres où le châssis vient se raccorder directement qui a déjà fait ses preuves aux Pays Bas. Il permet une meilleure modularité, sans compromis sur la performance et en réduisant l’impact lié aux étanchéités et recouvrements de finition extérieure et intérieure.

Que mettez-vous en œuvre pour diminuer l’empreinte de vos produits ?

L’aluminium Hydro Circal 75R, qui contient au minimum 75 % d’aluminium post-consumé recyclé, est standard dans toutes nos séries des marques Sapa et Wicona. Il était à l’origine certifié par EPD à 2,3 kg de CO2 / kg d’aluminium, mais est passé à 1,9 kg de CO2 / kg d’aluminium, en début d’année. Il y a plusieurs raisons à cette baisse : notamment des investissements en faveur d’un approvisionnement énergétique plus vert, mais aussi le fait que la part d’aluminium post-consommé a augmenté pour s’élever à plus de 80 % aujourd’hui.

Nous continuons à innover. En 2023, nous avons réalisé les tout premiers projets en Hydro Circal 100R (100 % d’aluminium post-consumé recyclé), qui est certifié à 0,5 kg de CO2 / kg d’aluminium.
Hydro Circal 75R et 100R sont produits dans notre usine de Clervaux dont 120 000 t d’aluminium recyclé sont sorties l’année dernière.

Vous précisez que l’aluminium que vous recyclez est de l’aluminium post-consumé. En quoi cette nuance est-elle importante ?

L’aluminium post-consumé a déjà eu une vie, sous forme d’objet, alors que l’aluminium pré-consumé est issu de chutes d’extrusion. Autrement dit, ce dernier est un déchet dont l’utilisation n’est pas circulaire et n’apporte rien en termes d’impact carbone, puisque qu’elle force non pas le réemploi de l’ancien aluminium, mais la production de chutes, et nous ne voulons pas produire plus ! C’est un sujet qui fait débat au niveau des EPD, parce qu’il existe deux méthodes de calcul dont l’une donne une valeur zéro en termes d’impact carbone à l’aluminium pré-consumé. Or, ce n’est pas juste : il faut donner un poids carbone à l’aluminium pré-consumé !

Nous avons parlé d’aluminium, mais il y a aussi tous les autres composants : polyamide, joints, quincailleries, etc.

Nous travaillons avec nos fournisseurs pour décarboner le produit complet. Notre objectif est d’atteindre un ratio de 80 % de composants recyclés / 100 % recyclables sur nos nouvelles gammes d’ici 2025.

Notre dernière génération de murs-rideaux, par exemple, a été conçue sans silicone au niveau des jonctions, où il a été remplacé par des joints à découper et à comprimer. Les joints d’isolation thermique sont, eux, fabriqués à partir de bouteilles en plastique.

Nous nous associons également à des partenaires afin d’intégrer dans nos menuiseries des vitrages recyclés. L’impact carbone d’un élément de façade peut être réduit de plus de 50 % uniquement en passant par les bonnes chaînes d’approvisionnement en aluminium et vitrage.
Bien sûr, l’empreinte carbone de nos produits est chiffrée par EPD et nos logiciels sont prévus pour générer des EPD dynamiques, adaptées à chaque projet et, même, à chaque châssis.

Comment l’approvisionnement en aluminium post-consumé se passe-t-il ?

Les châssis et les façades aluminium sont nos mines, et elles se trouvent en Europe, ce qui permet de garder notre indépendance par rapport aux pays qui ont de la bauxite. Nous n’avons jamais eu, et nos extrapolations pour l’avenir ne montrent, aucun problème d’approvisionnement.

En revanche, il faudrait pousser la filière de rénovation et de récupération à son paroxysme car utiliser de l’aluminium recyclé, c’est bien, mais fermer la boucle de la récupération en permettant d’approvisionner Hydro CIRCAL dans les chantiers luxembourgeois de rénovation, c’est encore mieux. Sans cela, nous resterons dans un système d’économie linéaire, alors que l’objectif est de fermer la boucle et de passer ainsi de la durabilité à la circularité. Décarboner pour dire qu’on décarbone ne sert à rien. Il faut aller plus loin, vers une décarbonation plus saine. Et, encore une fois, les échanges, la transparence sont inévitables dans ce processus.

Un projet pilote au Luxembourg est en cours. Les anciens châssis que nous récupérons sont démantelés dans notre centre de Dormagen puis l’aluminium est envoyé dans notre centre de Clervaux où il est recyclé. Nous reviendrons plus en détail sur cette première dans un futur Neomag.

La digitalisation a-t-elle un rôle à jouer dans la décarbonation ?

Nous en sommes convaincus. C’est pourquoi nous attribuons un QR code à chaque produit, auquel sont liées toutes les données le concernant : dimensions, références des différentes pièces, performances thermiques et environnementales, processus de fabrication et de pose, valeur de fin de vie. Ce système permet ainsi au client de visualiser son châssis en 3D dans son mur via l’application Sapa. L’intérêt est même encore plus grand au niveau professionnel puisque l’objet peut être intégré dans une bibliothèque exploitable dans le BIM.

Mélanie Trélat

Des enrobés innovants qui séquestrent le CO2
Des enrobés innovants qui séquestrent le CO2

Karp-Kneip a récemment pris des mesures audacieuses pour intégrer des enrobés à séquestration de carbone dans ses chantiers. Une solution intelligente pour améliorer le bilan carbone des projets de construction, qui témoigne de l’engagement de l’entreprise envers la durabilité environnementale.

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Avancée majeure dans le domaine des revêtements de circulation, les enrobés à séquestration de carbone contiennent du carbone obtenu par pyrolyse (montée en température très forte sans oxygène et sans ajout d’énergie auxiliaire) de déchets organiques. Ce procédé crée un sous-produit riche en carbone sous forme solide, appelé biochar, qui est intégré au processus de fabrication.

Ce matériau inerte contribue à la lutte contre le changement climatique. Incorporé à une hauteur de 2 %, il permet de stocker l’équivalent des émissions liées au process de fabrication des enrobés.
Émissions qui ont d’ailleurs déjà été fortement réduites ces dernières années et continueront à l’être à l’avenir dans l’optique d’intégrer moins de biochar ou, à l’inverse, de permettre une capture du carbone excédentaire par rapport au projet de construction.

Souhaitant poursuivre ses avancées de façon holistique, Karp-Kneip veille tout autant à la durabilité et à la circularité des matériaux qu’elle développe et propose, qu’à leur qualité technique. Ainsi, au-delà des avantages environnementaux, différentes études démontrent qu’un enrobé qui contient du biochar a une qualité technique équivalente à celle d’un produit sans biochar.

Karp-Kneip a appliqué des enrobés à séquestration de carbone en France en 2022, via son partenaire Trabet, sur les surfaces de circulation de sa centrale de fabrication d’enrobés à haute performance environnementale à Brumath, et elle collabore avec le CDEC dans le cadre d’un projet de recherche visant à développer sa propre gamme d’enrobés à séquestration de carbone à partir de biochar.

Vu l’urgence et l’importance du défi de la lutte contre le changement climatique, Karp-Kneip travaille sur toutes les solutions de décarbonation à la fois. Depuis de nombreuses années, l’entreprise explore différentes pistes pour minimiser son empreinte environnementale. La séquestration du carbone vient en complémentarité de solutions de réduction des émissions et n’est envisagée comme pertinente que sur des émissions qui sont inévitables.

« Nous espérons que les marchés publics évoluent rapidement pour nous permettre de poursuivre le déploiement et l’adoption d’alternatives meilleures pour l’environnement. Nous avons besoin d’une transformation profonde du marché pour rendre les alternatives décarbonées durablement compétitives », souligne-t-on.

L’adoption des enrobés à séquestration de carbone par Karp-Kneip témoigne de l’importance croissante accordée à la durabilité dans l’industrie de la construction. Cette initiative propose une réponse concrète au changement climatique tout en maintenant des normes élevées de qualité et de performance. En investissant dans des technologies et des matériaux innovants, Karp-Kneip établit de nouveaux standards pour une construction moderne, respectueuse de l’environnement et tournée vers l’avenir.

Collaborer pour décarboner
Collaborer pour décarboner

Dans sa stratégie durable, le bureau Schroeder & Associés a placé la décarbonation parmi les enjeux majeurs. Les prestations intégrées d’ingénierie et de conseil accompagnent l’action, auprès des pouvoirs publics ou des entreprises par exemple.

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L’impact carbone est un indicateur central et un élément stratégique pour Schroeder & Associés, qui s’engage d’ailleurs à calculer cet impact pour chacun de ses projets pour fin de cette année. En interne, c’est un processus d’amélioration continue. Et en externe, ses experts accompagnent les pouvoirs publics et les entreprises, par exemple dans le cadre de Fit4Sustainability. Le bilan carbone offre une base, à laquelle on ajoute un diagnostic complet et une étude personnalisée des besoins – en énergie, en mobilité, etc – pour identifier des pistes d’amélioration et d’investissements, potentiellement subsidiables, et des solutions bénéfiques pour l’empreinte carbone de chaque activité.

Les compétences d’équipes multidisciplinaires dans tous les domaines de l’ingénierie civile s’unissent pour des prestations intégrées qui, avec l’engagement des parties prenantes, contribuent concrètement à la décarbonation.

Régénération urbaine…

Les processus collaboratifs et l’innovation y participent aussi. Ainsi, Schroeder & Associés fait partie du programme financé par l’Union européenne, REGENeration of neighbourhoods towards a low-carbon, inclusive, and affordable built environment (Régénération des quartiers vers un environnement bâti à faible émission de carbone, inclusif et abordable) qui cible la régénération urbaine durable. Objectif parmi d’autres : prototyper la conversion de basse à haute température de sources thermiques renouvelables (solaire, aérothermique, géothermique, hydrothermique) et autres potentiels récupérables, la chaleur résiduelle par exemple.

Au sein du consortium luxembourgeois piloté par le LIST (Luxembourg Institute of Science and Technology), « le rôle de Schroeder & associés sera d’apporter son expérience de terrain et le soutien de son réseau pour créer le lien entre les développements et les applications », explique Guillaume Dubois, cadre-dirigeant. « Nous interviendrons notamment dans la définition des outils numériques innovants et nous pourrons tester in situ les méthodologies et les outils développés ». Le programme souhaite valider un catalogue d’interventions, estimer leur potentiel de revitalisation et suivre l’évolution à l’aide de jumeaux numériques et de méthodes d’analyse de durabilité.
La commune de Beckerich sera un banc d’essai pour le projet. Des études sont notamment prévues sur son réseau de chauffage urbain (cogénération chaleur/électricité alimentée par une installation de biométhanisation, complété d’une chaudière à copeaux de bois)…

… et exemples locaux

Le Pacte Climat est un des outils qui permet d’identifier des potentiels d’amélioration spécifiques. 18 communes du pays sont suivies par les « conseillers climat » du bureau Schroeder. « Combiner la volonté politique, les aides de l’État, les incitations de Klima-Agence, le travail collaboratif des équipes climat locales et nos conseils, cela permet de réaliser les projets d’une manière précise et durable », souligne Philippe Genot, cadre-dirigeant. « Nous essayons aussi de créer des synergies. Il y a un potentiel logique de mise en commun des solutions dès qu’il y a des problèmes ou des caractéristiques similaires. Nous sommes des motivateurs, des facilitateurs ; et pouvons être des apporteurs de solutions dans un second temps. »
Exemple à Mondercange : outre le parc éolien Südwand, le crassier minier assaini et réhabilité en un important parc solaire - avec Südenergie - devrait permettre de couvrir la consommation d’électricité privée locale.

Par ailleurs, pour le projet-pilote de la crèche de Roodt-sur-Syre (Betzdorf), les concepteurs tiennent compte depuis le départ des besoins réels et des ressources locales, dans une vision circulaire et décarbonée, avec focus sur les utilisateurs. Ce projet veut montrer l’alternative de construction, jouer l’effet démultiplicateur possible et démontrer que l’investissement est intéressant à long terme. « Le cahier des charges est strict. Nous vérifions tout à chaque étape, nous validons chaque fiche produit », explique Lars Linster, ingénieur chef d’unité ‘Conseil en Construction durable’. « Il y a aussi des contrôles sur le chantier. Il s’agit d’être exigeant et ambitieux, pour montrer que la construction saine est possible et souhaitable ».

Mélanie Trélat, avec Alain Ducat Schroeder & Associés

Minimiser l'impact : un travail d'équipe
Minimiser l’impact : un travail d’équipe

C’est autour de la table que les solutions se façonnent. Une vision partagée par les quatre concepteurs des Glamping Cabins qui devraient voir le jour prochainement pour répondre au besoin d’hébergements touristiques du Luxembourg.

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En mai 2023, Saharchitects remportait le concours d’architecture organisé par la Direction générale du tourisme et l’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI) avec son projet modulaire Glamping Tuurm / Tiermchen. Cet appel portait sur la création de logements touristiques en milieu rural. Sahar Azari, architecte : « Il nous a été demandé de développer des logements durables, inclusifs, faciles à installer et qui intègrent des éléments identitaires propres au Luxembourg ».

L’étape suivante consistait en la réalisation des plans d’exécution du projet, à fournir aux futurs investisseurs – qui semblent réceptifs, même si rien ne peut être annoncé à ce stade – et aux entreprises qui se chargeront de concrétiser la vision de Saharchitects. Pour cette mission, l’architecte a souhaité constituer une équipe multidisciplinaire. Rapidement, Lee Franck (LEEN, spécialiste décarbonation), András Kozma (DESA ingénieurs-conseils) et Thomas Wenkin (BuildTec, ingénieurs-conseils spécialistes des énergies renouvelables) ont rejoint Saharchitects dans la réflexion.

Pourquoi la réduction des émissions de carbone a-t-elle été une priorité pour ce projet ?

Lee Franck : Une stratégie circulaire était imposée par le cahier des charges, mais pas la décarbonation en tant que telle, qui n’est pas encore cadrée légalement au Luxembourg. Les deux sujets sont cependant liés et c’est pour cette raison que nous avons décidé de les traiter en parallèle. Nous voulions démontrer que nous disposons déjà aujourd’hui de leviers pour réduire significativement l’empreinte carbone des projets architecturaux. Et qu’il est inutile d’attendre que la demande vienne des clients ou de la législation.

Sahar Azari : Avec une experte en décarbonation au sein de l’équipe, à savoir Lee, nous disposions des connaissances utiles, et d’un petit projet tout à fait adapté à cette démarche.

Quelles solutions ont été retenues pour atteindre 37 % de réduction du carbone incorporé ?

András Kozma : Il y a deux dimensions à considérer quand on veut travailler sur l’empreinte carbone. La première, c’est le carbone produit par la construction aujourd’hui, qui peut être réduit grâce à un design efficace. Ensuite, il faut se pencher sur le carbone qui sera produit à l’avenir, et cela se fait en construisant un bâtiment durable, dans le sens où sa flexibilité permettra de l’adapter aux besoins futurs. De plus, nous avons appliqué les principes de conception pour la déconstruction et le réemploi (ou DfD – Design for Deconstruction), pour empêcher des déchets futurs. Pour cela, la standardisation et la modularité sont des aspects primordiaux. Nous avons gardé les mêmes types de sections d’acier et de bois partout, ce qui permet de les commander en plus grandes quantités et de réduire les émissions de CO2. C’est ensuite par modularité que nous obtenons des cabanes de plus petites (Explorer) ou plus grandes dimensions (Family).

Thomas Wenkin : Pour la partie technique, nous avons travaillé sur quatre axes, à commencer par la demande. En optimisant les besoins et donc en réduisant la demande, on fait baisser l’apport en eau et en énergie, tout en maintenant un confort optimum. Nous avons par exemple opté pour des équipements économiseurs d’eau – chasses et pommeaux à faible débit – et des appareils électriques peu énergivores, qui requièrent moins de panneaux photovoltaïques (PV) et de batteries de stockage pour fonctionner off-grid ; et donc moins de CO2 est émis par la production de ce matériel.
Ensuite, nous utilisons au maximum les ressources naturelles disponibles, comme le soleil avec le PV, l’air dans une ventilation naturelle, et l’eau de pluie qui est récupérée et circule par gravité, grâce à des réservoirs en hauteur.

Nous avons établi un tableau comparatif des avantages, inconvénients et prix des équipements techniques, auquel nous avons ajouté des données génériques concernant l’impact carbone lié à leur fabrication / utilisation. Cela a permis de nous tourner vers des solutions intelligentes, optimisées et bas carbone.

Enfin, la standardisation a aussi été appliquée aux équipements rassemblés dans la tour technique, et nous les modulons selon l’usage prévu.

SA : Tout cela est bien entendu possible, et même bienvenu, dans un logement touristique rural qui nous plonge en pleine nature. Par exemple, un poêle à bois est placé dans l’espace séjour et la chaleur traverse une grille dans la porte de salle de bains. Cela fait partie de l’expérience.
Nous avons aussi, dès le départ, décidé d’omettre les finitions et de maintenir les matériaux dans leur état brut. Cela facilite leur réutilisation parce qu’il n’y a ni colle, ni trou. Tout peut être réutilisé plus tard.

Comment travaille-t-on efficacement sur un tel projet commun ?

LF : Mon rôle au départ était de mettre le sujet de la décarbonation à plat, à l’aide d’un workshop pour partager ce savoir sur les stratégies qu’on peut mettre en place. Tout le monde venait aussi avec son expérience, et chacun a pu élaborer ses solutions pour la structure, l’architecture, la technique du bâtiment. Il était essentiel qu’on ait une équipe complète dès l’APS.

SA : Dès le début, nous nous sommes retrouvés toutes les deux semaines pour 3-4 h de brainstorming. Durant deux mois, on a peu dessiné, mais beaucoup échangé. Et puis dans le dernier mois, nous sommes vraiment passés en production. Je pense que la réflexion collective est nécessaire. Évidemment, cela a un impact sur le coût des honoraires, mais ça représente peu de choses par rapport au gain final sur la production.

TW : Dans ce type de collaboration, c’est important d’être tous sur la même longueur d’onde et d’avoir la volonté d’améliorer les choses. À mon sens, ça fonctionne bien en petit groupe.

AK : Comme chaque décision a des conséquences sur tout le reste, il est vraiment utile d’être tous autour de la table pour développer ensemble les solutions.

LF : Il faut rapidement identifier les hotspots carbone ; dans notre projet architectural assez minimaliste, c’était la structure. Ensuite il faut itérer, comparer et optimiser. Le plus important est qu’on ne travaille pas de manière cloisonnée. Au-delà de notre équipe réduite, nous avons eu la chance de pouvoir compter sur l’industrie pour guider nos choix de standardisation et méthodes de fabrication plus bas carbone, et sur l’Université du Luxembourg qui mène des recherches sur les connexions démontables dans les structures bois-acier. C’est une des premières fois que ces nouvelles méthodes vont être employées.

SA : Évidemment, le fait d’avoir un projet en structure légère a été un avantage considérable, car c’est bien moins réglementé. Cela nous a permis, par exemple, de travailler sur l’épaisseur du CLT. En passant de 18 à 24 mm, nous pouvons supprimer l’isolant et réduire la taille de la fondation. Nous obtenons une valeur U de 0,4 là où il faudrait 0,2 en construction classique. Nous avons aussi agi sur les fondations, en réduisant le béton au strict minimum et en utilisant du gravier en complément, qui a bien moins d’impact carbone.

J’aimerais beaucoup, à l’avenir, pouvoir intégrer une équipe élargie dès la conception, en impliquant également le constructeur et le client. Et qu’on puisse remettre en question les réglementations du secteur afin d’avancer dans la bonne direction !

Marie-Astrid Heyde

Reconversion, déconstruction réfléchie et réemploi
Reconversion, déconstruction réfléchie et réemploi

La construction génère 40% des gaz à effet de serre et un tiers des déchets en Europe. Ce constat a incité l’ABP à déployer des projets basés sur une déconstruction réfléchie, favorisant la réutilisation des matériaux. C’est le cas de la rénovation du lycée Michel Lucius à Luxembourg, saluée pour son approche circulaire.

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Ce projet pilote, mené de 2018 à 2021 et conduit par l’Administration des bâtiments publics (ABP), comprenait la déconstruction sélective de l’aile 3 000 du lycée Michel Lucius et la reconversion de l’aile 6 000, ainsi qu’un réaménagement de la cour créant un espace central attractif au sein du campus scolaire.

La déconstruction sélective de l’aile 3 000 a été motivée par son état de vétusté. Construite dans les années 1970, elle ne pouvait plus être occupée en raison de sa structure obsolète. Cette partie du projet a nécessité une évaluation minutieuse des matériaux et du mobilier et leur classement en fonction de leur potentiel de réemploi ou de recyclage. « Un inventaire détaillé des matériaux a été réalisé par un bureau d’études et plusieurs scénarios ont été envisagés, notamment grâce à une analyse du cycle de vie exhaustive réalisée par une équipe du LIST. Ensuite, l’équipe Environmental Policies de l’Institut a comparé l’inventaire réalisé avant le début des travaux avec les résultats sur site et a veillé à ce que les matériaux utilisés dans le projet soient correctement tracés et documentés. Malgré les changements majeurs de la structure du bâtiment, les coûts environnementaux étaient jusqu’à 84 % inférieurs au coût de construction d’un nouveau bâtiment de même volume. Les émissions de CO2 ont été réduites jusqu’à 90 % et la production de déchets de 79 % par rapport à un nouveau bâtiment », explique Bruno Domange, Senior Environmental Engineer au LIST, dans un communiqué.

Les matériaux prélevés dans l’aile 3 000 ont été réimplantés dans l’aile 6 000, une construction provisoire modulaire en bois datant des années 1990, désormais transformée en bibliothèque. Malgré la présence d’amiante, de nombreux éléments ont pu être récupérés. « Nous avons conservé le chauffage préexistant, avec quelques ajustements (…), les plaques de plafond, les luminaires, le mobilier – une grande partie des étagères venait de l’ancienne bibliothèque de l’aile 3 000 (…). Il y a du mobilier récupéré du CNA ; les tables et chaises venaient d’autres parties de l’école. Nous aurions également aimé récupérer l’acier de l’aile 3 000, mais les sections étaient trop importantes. Nous aurions perdu trop d’air libre, ce qui n’était pas permis par la législation », souligne Sophie Maurer, architecte à l’Administration des bâtiments publics.

Pour ce qui est des éléments restants, certains ont pris place dans la cour, comme la pergola, initialement située à l’étage de l’aile 3000, qui a été réinstallée au sol et à laquelle on a ajouté des voiles en toile pour fournir de l’ombre, ou encore des plaques de façade qui ont été utilisées pour créer une balustrade. En ce qui concerne les objets non réutilisables, comme le mobilier en bon état mais sans grande valeur marchande, ils ont été redistribués via un système de marché à zéro euro, où les intéressés pouvaient récupérer les articles directement sur site.
Les entreprises sélectionnées pour s’occuper du chantier de déconstruction ont été sélectionnées en fonction de leur engagement envers le réemploi et la valorisation des matériaux récupérés, selon un cahier des charges précis.

En plus d’améliorer considérablement la qualité de vie des étudiants, ce projet sert de modèle pour la préservation des bâtiments existants et la réutilisation des structures obsolètes. Il contribue à la progression du secteur de la construction durable en fournissant de nouveaux cadres réglementaires, des bonnes pratiques et un processus de démontage détaillé. Par exemple, le CRTI-B a adopté cette approche comme ligne directrice générale pour les futures déconstructions. La documentation relative au projet et ses résultats seront mis à disposition du public dans un livre qui vulgarisera les principes de la déconstruction sélective et du réemploi de matériaux, contribuant à une meilleure compréhension et appréciation du sujet et offrant une ressource précieuse aux professionnels de la construction et aux décideurs.

Sous l’impulsion de l’ABP, de nombreux acteurs ont travaillé main dans la main sur ce projet pilote axé sur la durabilité et la circularité. Pour n’en citer que quelques-uns, le projet incluait aussi l’agence de l’Environnement, le ministère de la Mobilité et des Travaux publics, le ministère de l’Environnement, du Climat et de la Biodiversité, le laboratoire de l’Administration des ponts et chaussées, ainsi que les étudiants du lycée qui ont participé à un questionnaire et aux travaux de rénovation.

Marie-Astrid Heyde et Mélanie Trélat

L'approche durable du Campus éducatif Geenzepark
L’approche durable du Campus éducatif Geenzepark

Au cœur de Wiltz a émergé un complexe éducatif innovant : le campus Geenzepark. Ce projet ambitieux, porté par la commune, accueille une école fondamentale et une maison relais pour 300 enfants, un hall sportif de 700 m2, une cuisine de production d’une capacité de 1 000 repas par jour, une école de musique et un musée pédagogique pour enfants nomm

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Ce projet ambitieux, porté par la commune, accueille une école fondamentale et une maison relais pour 300 enfants, un hall sportif de 700 m2, une cuisine de production d’une capacité de 1 000 repas par jour, une école de musique et un musée pédagogique pour enfants nommé « Plomm ». Cet ensemble se distingue non seulement par son esthétique, mais aussi par son engagement en termes de durabilité.

Allier moderne, sain et durable…

Créer un espace éducatif moderne, respectueux de l’environnement et adaptable aux besoins évolutifs de la communauté, tels étaient les défis à relever par l’équipe de maîtrise d’œuvre, composée de Studio Concept pour l’architecture, Schroeder & Associés pour le génie statique et Betic, part of Sweco pour le génie technique, dont la collaboration a abouti à un projet incarnant les principes de la construction saine et durable, tout en mettant en lumière des solutions techniques innovantes pour réduire l’empreinte carbone du complexe. « Il convient de mentionner que Wiltz est reconnue comme hotspot de l’économie circulaire au Luxembourg, impliquant de fait des exigences en la matière des plus poussées sur le projet. L’équipe a ainsi veillé à sélectionner les produits et équipements les plus sains, écologiques, et renouvelables, via un comparatif minutieux de plus de 3 000 matériaux de construction. Malgré les défis rencontrés dans la disponibilité et la compatibilité des matériaux, cet engagement a permis de répondre à un objectif prioritaire du maître d’ouvrage, à savoir créer l’école la plus saine du pays », explique Sabine Fretz, architecte.

Les ingénieurs en techniques spéciales ont tout autant contribué à l’atteinte des objectifs de décarbonation du campus via l’optimisation de la consommation énergétique globale du site. « Chaque élément a été soigneusement conçu pour maximiser l’efficacité énergétique, tout en garantissant un environnement intérieur sain et confortable : centrales de ventilation décentralisées, géothermie réversible, LED dimmables s’adaptant à l’intensité de la luminosité extérieure, gestion technique centralisée permettant au concierge de surveiller à distance les installations techniques…  », souligne Yannick Masson, ingénieur.

La ventilation, cruciale pour la qualité de l’air intérieur et la santé des occupants, a été pensée de manière novatrice. «  Plutôt que d’opter pour une centrale de ventilation centralisée, nous avons déployé un système décentralisé par salle de classe. Cette approche favorise non seulement une meilleure qualité de l’air dans chaque espace, le gainage de ventilation où peuvent proliférer les particules fines étant notamment réduit au minimum, mais aussi une diminution significative de la consommation d’énergie, en l’occurrence électrique, car seules les centrales de ventilation des salles occupées se mettent en fonctionnement du fait de la présence de sondes de qualité d’air capteurs », détaille Jérôme Mahin, ingénieur. Quant à la géothermie, elle constitue le pilier central du système de chauffage et de refroidissement du campus. Avec 22 sondes géothermiques de 100 mètres de profondeur, le complexe tire parti de la température naturelle et constante du sol. En hiver, les pompes à chaleur puisent des calories dans le sol pour les redistribuer à l’intérieur du bâtiment. Pendant les mois estivaux, un échangeur de chaleur exploite les frigories emmagasinées dans le sol pour refroidir l’intérieur du bâtiment, offrant ainsi un confort thermique optimal en toutes saisons aux usagers. « Cette approche, réduit drastiquement la consommation énergétique et les émissions de carbone. En effet, en été les pompes à chaleur sont à l’arrêt, on parle alors de free-cooling. En outre, elle crée un cycle de régénération du sol en été et en hiver ce qui garantit le coefficient de performance des pompes à chaleur dans le temps car l’énergie dans le sol, bien que stable, n’est pas infinie », explique Jérôme Mahin.

… Sans oublier adaptable et co-construit


« La flexibilité des systèmes techniques permet au campus de s’adapter aux besoins changeants de la communauté. Des trappes d’accès, des boîtiers de sol multi-techniques ainsi que des gaines techniques ont été intégrés pour faciliter les futures mises à niveau et modifications, assurant ainsi la durabilité et la pérennité du bâtiment dans un contexte en constante évolution », ajoute Yannick Masson.


« L’engagement communautaire et la participation des enfants ont également été au cœur du processus de conception. Des ateliers avec les enseignants et les enfants ont permis d’intégrer leurs besoins et leurs idées dans la conception du campus, créant alors un environnement éducatif dynamique et stimulant. À mon sens, le complexe éducatif Geenzepark incarne l’avenir de la construction décarbonée et durable. À travers une collaboration interdisciplinaire et une vision commune, les architectes et les ingénieurs ont créé sous l’impulsion du maître d’œuvre un espace qui non seulement inspire, mais laisse également un héritage positif pour les générations futures », conclut Sébastien Maas, architecte.

En s’engageant dans une approche saine et durable de la construction, ce projet ouvre la voie à un avenir plus respectueux de l’environnement.

Une architecture de papier
Une architecture de papier

Qui dit « papier » dit probablement plan plutôt que bâtiment ;si l’on en souffle sous forme de ouate de cellulose à des fins d’isolation depuis un siècle, si l’architecture traditionnelle japonaise en use pour les shōji, si nous le rencontrons également sous forme de pare-vapeur, rares sont les applications du papier et de ses dérivés en construction

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Cette matière, disponible en très grandes quantités à travers le monde entier et assez facilement collectable et recyclable, ouvre cependant la porte vers de nouveaux horizons comme nous le démontrent les quelques exemples de projets et de produits ci-après.

Le projet PH-Z2, Essen, par Dratz & Dratz Architekten

275 tonnes de vieux papiers et cartons sur le site de Zollverein à Essen et « PH-Z2 » pour « PapierHaus-Zukunftsweisend2 », voici le projet qui remportait en 2007 un concours pour la conception de constructions temporaires pour abriter des start-up. Avec des matériaux d’emballage en provenance de supermarchés, collectés et compressés sous forme de balles ou « bottes » comme pour la paille, les architectes de Dratz & Dratz avaient imaginé et dressé une sorte de mastaba (sépulture égyptienne construite hors-sol) à partir de 550 balles d’une demi-tonne et de 80 cm d’épaisseur chacune. Avant d’entamer leur fin de vie et leur phase de recyclage, ces vieux emballages amorcent ainsi une existence éphémère et transitoire des plus utile.

Le projet culmine à 6 m de hauteur, s’étend sur une surface de 185 m2 et sert d’espace événementiel pour la tenue d’expositions, de conférences de presse ou de concerts ; les balles de vieux papiers et cartons présentent des capacités d’absorption acoustique très élevées et une texture unique – et ceci dit, une esthétique qui n’est pas inintéressante ; avec un compactage élevé, l’oxygène « piégé » dans les balles de papier se raréfie et le niveau de résistance au feu devient appréciable ; ces balles sont intercalées dans une structure plus classique en bois, subtilement dissimulée, qui supporte 40 % des sollicitations statiques.

Ce projet questionne sur les modes de consommation de notre société et l’efficience (ou non) avec laquelle elle s’acquitte du traitement des déchets : comment utiliser au mieux tous ceux-ci puisqu’ils doivent de toute manière être considérés ? Au début de ce projet, les architectes ont récupéré ces papiers et cartons et les ont compressés avec une presse manuelle et sans aucunes valeurs caractéristiques de référence, ils ont dû « explorer » par eux-mêmes ; une demande de brevet a été introduite et le développement s’est poursuivi pour améliorer la stabilité des balles et leur manuportabilité ; aujourd’hui, les architectes qui ont en grande partie financé ce projet imaginent développer le produit en une variante de substitution aux cloisons légères en plâtre.

La cathédrale de carton (cardboard cathedral), Christchurch, Nouvelle Zélande, par Shigeru Ban

Autrefois s’élevait à Christchurch une cathédrale anglicane de style néogothique datant de 1864. À la suite d’un tremblement de terre de magnitude 6,3 ravageant la ville entière à l’hiver 2011, suivi de plusieurs répliques, la cathédrale perdit successivement sa flèche puis sa rosace, pour être finalement contrainte à la démolition ; une commande pour la construction d’une bâtisse temporaire (avec une durée de vie de 50 années) fut décidée et confiée à l’architecte japonais Shigeru Ban, internationalement reconnu pour le développement de constructions temporaires et pour son affection envers les structures éphémères et légères – en papier et carton notamment.

À l’image des « A-frame houses » qui font le succès de l’auto-construction d’habitations en bois aux États-Unis, la charpente de la cathédrale de carton, qui s’élève à une hauteur de 21 m au-dessus du niveau du sol, est construite selon une structure « en A » à l’aide de 98 tubes de carton de diamètre identique (60 cm), de bois, d’acier, et de 8 conteneurs maritimes qui constituent les murs sous-jacents et qui « bloquent » statiquement l’ouverture de la charpente. Chaque tube de papier est recouvert d’une couche de polyuréthane imperméable et de produits ignifuges, et protégé par un toit en polycarbonate semi-transparent. L’architecte Shigeru Ban qui développe et utilise les tubes recyclés comme matériau de construction pour les secours d’urgence depuis 1986, a déclaré : « la solidité du bâtiment n’a rien à voir avec la solidité du matériau ; même les bâtiments en béton peuvent être détruits très facilement par des tremblements de terre, mais pas les bâtiments en papier ».

L’architecte voulait que les tubes de carton soient les éléments structurels, mais les fabricants locaux n’ont pas pu produire des tubes suffisamment épais et l’importation de carton a été rejetée, raison pour laquelle il a fallu procéder à un renforcement des tubes à l’aide de poutres en bois stratifié ; avec des espaces de deux pouces entre les tubes, la lumière se glisse et illumine naturellement l’intérieur de la cathédrale. Au lieu d’une rosace de remplacement, on a doté le bâtiment de vitraux triangulaires contemporains. Le bâtiment qui peut accueillir environ 700 personnes sert aujourd’hui à la fois de lieu de conférence et de lieu de culte.

Quelques produits à explorer : des briques de papier…

En 2004, la start-up américaine BetR-blok est née à partir d’un organisme de recherche à but non lucratif, le CABS (Center for Alternative Building Studies), avec pour fonction la recherche autour de matériaux de construction alternatifs durables. Le BetR-blok, littéralement « better block », est fabriqué à partir de papier recyclé et d’autres matériaux cellulosiques, et ses composants sont compressés.

Autre exemple avec et l’entreprise anglaise Econovate et son Econoblock composé de papiers et de cartons recyclés liés au ciment. Avec une résistance en compression annoncée à 7 MPa à 28 jours, ces parpaings de papier peuvent assumer des fonctions portantes tout en se révélant très légers et faciles à poser puisqu’ils se mettent en œuvre comme un bloc classique. La consistance et la compacité des blocs permettraient à ceux-ci de se passer de toute substance additionnelle, tant pour satisfaire les exigences de résistance au feu que celles relatives aux assauts de rongeurs.

Des systèmes de construction en papier : Ecocell et Batipac

Certifié par la Fondation Solar Impulse, Ecocell est un système constructif développé à Uttwil en Suisse, basé sur le recyclage des déchets de papier et de carton - en particulier du carton ondulé, matière facilement disponible à l’échelle mondiale ; un processus de revêtement minéral breveté « pétrifie » la structure alvéolaire cartonnée en nid d’abeille et rend ce matériau de construction résistant au feu tout en lui conférant d’excellentes propriétés d’isolation thermique. En combinaison avec des panneaux en bois ou d’autres matériaux disposés de part et d’autre de cette structure alvéolaire, on obtient des éléments de construction standardisés de type « sandwich » isolants, très résistants mais également très légers qui aboutissent au système de construction rapide développé par Ecocell. Préfabriqués avec une précision millimétrique, ces éléments standardisés (porteurs ou non) de mur, de plancher ou de toiture sont dotés de goupilles de verrouillage qui permettent d’emboîter les différents éléments pour construire des bâtiments complets, presque entièrement opérationnels, en quelques heures seulement et avec une facilité de montage éprouvée. La solution développée par Ecocell Technology AG a reçu le GreenTec Award 2016 et le prix suisse de l’innovation IDEE-SUISSE Award 2018.

Du côté de nos voisins français, Batipac adopte une approche similaire de recyclage du carton en y adjoignant une composante sociétale au travers de l’inclusion par l’emploi, la production étant confiée à des personnes en situation de handicap et/ou en mal d’insertion sociale. Après tri et collecte, le carton est réutilisé pour fabriquer un matériau similaire en carton ondulé (feuille cannelée prise en sandwich entre deux feuilles planes) ; plusieurs tranches de carton ondulé sont assemblées entre elles par collage pour constituer le corps du panneau autoportant dénommé IPAC®, qui sera entouré d’une membrane étanche de type Akylux® (polypropylène recyclé et recyclable) ou Benjamin (carton recouvert d’un pelliculage en polyester recyclable). En fin de vie, lors de la déconstruction, les panneaux sont démontés et simplement renvoyés vers le centre de tri et de recyclage. Les panneaux autoportants IPAC® sont destinés à être insérés dans une ossature/structure classique en bois, entre montants verticaux ou gîtages. Il est dès lors possible de concevoir des murs, cloisons, éléments de doublage isolants, planchers ou éléments de toiture avec des épaisseurs comprises entre 46 et 249 mm.

Régis Bigot, Architecte &Innovation Project Manager Neobuild GIE

La décarbonation comme mission
La décarbonation comme mission

Détenue par deux groupes familiaux Luxembourgeois aux entreprises B Corp, All in One Technologies a la décarbonation inscrite dans ses gènes et contribue à son échelle aux objectifs de neutralité à travers des projets qui favorisent l’efficience énergétique et les énergies renouvelables.

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La décarbonation est dans l’ADN d’AiO Technologies depuis sa création en 2008…

Notre actionnaire fondateur, Becolux, est engagé depuis plus de 20 ans dans de grands projets d’énergie solaire et éolienne, et a fondé parallèlement Ramborn, devenue en 2020 la 3e société certifiée B Corp siégeant au Luxembourg. En cofondant AiO Technologies, notamment pour le facility management de ses propriétés immobilières, Becolux a, dès le départ, inculqué cette forte exigence d’efficience énergétique et d’énergies renouvelables à sa nouvelle filiale. L’entreprise familiale de construction CDCL Group a quant à elle rejoint le capital d’AiO Technologies en 2019 avec la même vision. Son siège, Allegra à Leudelange, construit en 2021, est l’incarnation même de son engagement pour des bâtiments très bas carbone. Le groupe est lui aussi certifié B Corp depuis avril 2023. Fort de l’exemplarité de ses deux actionnaires, AiO Technologies ambitionne aussi de devenir une société B Corp à moyen terme.

Vous concentrez vos activités sur cet objectif de décarbonation. Comment cela se traduit-il dans les travaux neufs ?

Nous nous efforçons de nous engager sur des projets avec une forte composante en énergie renouvelable et une volonté d’efficience énergétique, par exemple sur le bâtiment Allegra, dont les 6 000 m2 bruts sont chauffés par deux pompes à chaleur de 146 kWh alimentées par des forages géothermiques de 90 m de profondeur. Nous avons aussi mis en place un système de management intelligent du bâtiment (en KNX) qui permet de réduire au maximum les consommations en détectant d’éventuelles anomalies. Déjà en 2017 pour le siège de Goblet Lavandier à Munsbach, nous avions implémenté avec succès ce concept de suivi et de gestion énergétique innovant (700 points de mesure !) couplé avec l’installation de deux pompes à chaleur de 56 kWh.

Ces deux dernières années, nous avons aussi réalisé, pour LuxEnergie, des centrales de chauffage urbain à Niederanven et à Niederkorn alimentées par des cogénérations biomasse. Nous venons également de terminer l’installation d’une autre centrale d’énergie au sein du campus scolaire d’Eschdorf qui, elle, tourne avec des pompes à chaleur.

Ces projets démontrent que les énergies renouvelables ne sont pas réservées aux maisons ou aux résidences, mais qu’une production d’énergie entièrement décarbonée est également possible dans des bâtiments tertiaires de plus grande envergure.

Il est plus difficile de décarboner les bâtiments existants, n’est-ce pas ?

Effectivement, néanmoins cela peut se faire progressivement en remplaçant les énergies fossiles, au moins en partie, par des énergies renouvelables. Il s’agit souvent de biomasse, mais parfois aussi d’électricité verte. C’est le cas, par exemple, au centre commercial Copal à Mertert, où nous avons installé une pompe à chaleur air-eau de 60 kWh en toiture alimentée par de l’énergie photovoltaïque. En complément du système de chauffage existant, elle permet d’apporter une composante « énergies renouvelables » dans un bâtiment gros consommateur d’énergie de par sa fonction.

Et dans les anciennes maisons, que peut-on faire ?

Il y a très peu de situations où l’on ne peut pas décarboner, du moins en partie. Même dans une maison unifamiliale avec des radiateurs, il est souvent possible, de remplacer la chaudière fioul ou gaz par une pompe à chaleur air-eau, éventuellement couplée avec des panneaux photovoltaïques. Tout est souvent une question de dimensionnement.

Si une température > 55 degrés Celsius est impérativement nécessaire, de nouvelles générations de pompes à chaleur existent déjà avec de meilleurs fluides caloriporteurs. On peut sinon aussi installer un système hybride composé d’un petit module pompe à chaleur qui suffira à couvrir une partie de la consommation énergétique annuelle, avec une chaudière à énergie fossile existante en appoint qui couvrira les pointes. Il faut aussi considérer le fait que les primes étatiques et communales, auxquelles s’ajoutent les enoprimes, sont très généreuses au Luxembourg. Il n’y a donc plus d’excuses pour s’éloigner des énergies fossiles.

Vous prônez aussi un monitoring énergétique actif et efficace, que vous réalisez notamment pour de nombreux centres commerciaux au Luxembourg…

Le monitoring permet d’économiser au moins 5 à 10 % d’énergie. Nous suivons des centaines de paramètres pour mesurer comment la consommation se répartit entre les différents équipements, au fil de l’année. Nous obtenons un rapport énergétique qui nous sert à optimiser la production et la distribution, et ainsi à réduire la consommation énergétique. C’est bon pour le portefeuille et pour la planète aussi : la meilleure énergie est celle qui n’est pas consommée.

Le monitoring permet d’utiliser les flux énergétiques de façon intelligente. Dans les centres commerciaux par exemple, beaucoup de chaleur est souvent générée par la production de froid pour la boucherie, la poissonnerie, etc. Le monitoring permet de déterminer quand et où la réinjecter. Un deuxième exemple : dans un bâtiment administratif, nous avons pu récupérer la chaleur d’un data center pour chauffer les autres étages.

Un autre avantage du monitoring est qu’il permet d’optimiser le paramétrage des installations d’un bâtiment dès les premiers mois de sa mise en service, pour réduire très rapidement ses consommations, ce que nous avons fait sur le bâtiment Allegra.

Grâce à toutes ces données, les bonnes décisions d’investissement peuvent être rapidement prises sur des bases très factuelles.

Comment procédez-vous ?

Nous récupérons les milliers de données transmises chaque année par les GTC et les compteurs d’énergie. Les algorithmes spécifiques que nous avons développés pour les traiter intègrent des valeurs seuils qui déclenchent automatiquement un ticket de maintenance lorsqu’elles sont dépassées. Un récent développement « data sciences » nous permet aussi maintenant de déterminer le degré d’alerte pour le prioriser et de mieux identifier les fausses alertes. À notre charge ensuite de lancer une opération de paramétrage pour identifier plus précisément le problème, de le corriger à distance ou de déclencher une intervention physique pour que le système soit de nouveau opérationnel le plus rapidement possible.

Nous ne nous sommes pas attardés sur B Corp. Pouvez-vous nous en dire plus sur les initiatives que vous avez mise en place en lien avec ce label ?

B Corp porte sur la contribution sociétale et environnementale de l’entreprise grâce à ses missions et / ou son mode de fonctionnement. Notre principale initiative sur ce dernier point est l’électrification de notre flotte de véhicules. Une vingtaine de véhicules sur les 80 que nous avons sont désormais rechargés avec de l’énergie verte. Mais notre plus gros impact réside moins dans la réduction du rejet carbone de nos activités que dans notre apport en termes de contribution sociale et environnementale, à travers les bâtiments sur lesquels nous sommes amenés à intervenir aussi bien dans le domaine des travaux neufs que de la maintenance. C’est pourquoi nous orientons nos projets sur les énergies renouvelables et la récupération de chaleur.

Nous apportons aussi notre contribution via la diffusion de nos propres expériences. Actif au sein du CleanTech Cluster de Luxinnovation, nous contribuons par exemple activement aux conférences initiées en commun sur la récupération de la chaleur fatale (waste heat) dans l’industrie (26 mars 2024) et dans les bâtiments (fin mai 2024).

Mélanie Trélat

L'enveloppe du bâtiment : sa valeur ajoutée
L’enveloppe du bâtiment : sa valeur ajoutée

En Europe, 75 % des bâtiments sont des passoires thermiques et 90 % d’entre eux seront encore debout en 2050. Un tiers de la chaleur s’échappe par le toit, 25 % par les murs, 15 % par les fenêtres et 10 % par le sol. Ces chiffres sont parlants : l’enveloppe est un élément central en matière d’efficacité énergétique.

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Lors de la 9e édition de Meet&Build, organisée le 19 mars par l’IFSB et Picto, quatre experts se sont exprimés sur le sujet.
Boris Solecki (IFSB) : taux d’intérêt élevés, inflation mondiale et hausse du coût des matières premières et de l’énergie induisent un ralentissement de la construction neuve et un repli sur la location et la rénovation avec, à la clé, un risque de pénurie de bâtiments énergétiquement efficients. Une lutte contre les passoires-thermiques s’est engagée dans l’UE qui explore plusieurs pistes, dont l’initiative EnergieSprong, une méthode de rénovation massive consistant à couvrir des séries de bâtiments similaires d’une seconde peau composée d’éléments préfabriqués hors-site, en visant zéro énergie. Une solution esthétique, rapide et non intrusive – les habitants peuvent rester chez eux pendant les quelques jours de travaux -, qualitative – le système est prévu pour durer 30 ans -, mais aussi abordable grâce à la production des éléments à grande échelle et aux économies d’énergie réalisées. Plus de 5 600 logements ont déjà bénéficié de cette initiative, principalement aux Pays-Bas et en France.
Renaud Deschampheleire (département Shells & Façades - SECO Expert) : pour les architectes et constructeurs, l’enjeu est de créer des bâtiments agréables à vivre et de trouver un équilibre entre fonctionnements d’été et d’hiver qui garantit le confort des occupants toute l’année. Après avoir rappelé qu’il ne faut pas se fier qu’au CPE mais considérer la consommation réelle, il a évoqué des solutions pour concevoir des façades qui rendent les bâtiments étanches à l’air et à l’eau et les protègent du soleil : casquettes, éléments verticaux fixes ou mobiles, végétalisation…
Alexander Valenzuela (Clearnanotech®) : de nombreuses solutions existent pour produire de l’énergie en façade ou en toiture, des produits qui vont de la transparence totale à l’opacité, qui peuvent être flexibles et sont disponibles dans une large gamme de coloris.
Xavier Duboisdendien (Duboisdendien) : nos villes ne sont pas équipées pour absorber les pluies diluviennes de plus en plus fréquentes et les toitures vertes sont un élément compensatoire efficace. Une végétalisation extensive permet d’absorber 50 à 60 % des eaux de pluie ; en semi-intensif, ce chiffre monte à 70 %, un mécanisme qui peut être renforcé par un système intelligent de gestion hydrique. Les toitures vertes permettent, en outre, de rafraîchir le bâtiment, réguler les ilots de chaleur urbain, récréer de la biodiversité et optimiser le rendement des panneaux solaires en les refroidissant grâce à l’évapotranspiration. Ces derniers sont, en effet, moins productifs au-delà de 25 degrés.

Montée en puissance dans le stockage et la gestion de l'électricité verte
Montée en puissance dans le stockage et la gestion de l’électricité verte

Buderus Luxembourg s’associe à ecocoach pour proposer une solution de gestion de l’électricité, capable de répondre aux besoins des particuliers comme à ceux des entreprises artisanales et des petites industries.

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Baptisé ecoEnergyCoach, il couple intelligemment panneaux photovoltaïques, consommateurs et système de stockage d’électricité, permettant ainsi d’optimiser l’utilisation de l’énergie renouvelable. Il offre également à l’utilisateur une visibilité sur ses flux d’énergie en temps réel grâce à son monitoring intégré.

Ferroknepper Buderus s’est récemment allié avec l’entreprise Suisse ecocoach, qui est spécialisée dans la distribution d’énergie. Quel est le but de ce partenariat ?

Nous proposons à nos clients au Luxembourg des solutions complètes adaptées aux besoins des particuliers, mais aussi des systèmes capables de répondre à la demande énergétique beaucoup plus importante des entreprises. Ces installations, de fabrication européenne, vont de la production d’énergie renouvelable (panneaux photovoltaïques) au stockage (accumulateurs individuels mais aussi en cascade), en passant par la production de chaleur (pompes à chaleur). Elles peuvent couvrir des puissances comprises entre 26 kWh et 390 kWh.

Ces équipements, notamment les pompes à chaleur et les panneaux photovoltaïques, sont fortement subsidiés par l’État luxembourgeois, les communes et le principal fournisseur d’énergie du pays qui œuvrent ensemble à la transition énergétique en favorisant le recours à des installations plus « vertes ».

Subsiste néanmoins le défi de gérer l’énergie produite et de la répartir judicieusement entre les différents consommateurs, notamment lors des pointes de production ou de consommation. En nous associant avec ecocoach, nous sommes désormais en mesure de répondre à ce challenge, en ajoutant à notre offre un système intelligent de gestion de l’électricité.

Comment optimiser sa consommation énergétique grâce à ecoEnergyCoach ?

ecoEnergyCoach connecte et intègre dans une infrastructure énergétique commune la production de chaleur, la production d’électricité, le stockage d’énergie et les différents consommateurs dont les pompes à chaleur et les véhicules électriques.

Il est doté de plusieurs modes de fonctionnement. Le mode « optimisation de la consommation propre », par exemple, permet, comme son nom l’indique, de maximiser l’autoconsommation de l’électricité verte produite en activant ou désactivant les consommateurs selon des priorités définies. Par conséquent, seule une quantité minime d’énergie est injectée dans le réseau. Et si le système de gestion de l’énergie est complété par une batterie ecocoach, la consommation propre peut encore être augmentée.

Comment cette solution peut-elle aider les entreprises commerciales et industrielles, dont les consommateurs les plus énergivores génèrent des pics de charge considérables lorsqu’ils fonctionnent simultanément ?

Le mode « écrêtage des pointes » permet, dans la mesure du possible, de répartir sur la journée les processus énergivores. Comme dans le mode « optimisation de la consommation propre », les consommateurs sont régulés par ordre de priorité. Les pics de consommation sont ainsi lissés et les surcoûts évités.

ecoEnergyCoach intègre également un système de monitoring des flux d’énergie. Pouvez-vous nous en dire davantage à ce sujet ?

Le gestionnaire mesure en temps réel la production et la consommation d’électricité ainsi que la consommation de chaleur. Ces informations sont reprises sous forme de graphiques clairs, consultables à tout moment dans l’application dédiée. Les données sont, en effet, basées dans le cloud, ce qui permet de surveiller à distance l’ensemble du bâtiment et de ses consommateurs, principalement les stations de recharge pour véhicules électriques et les pompes à chaleur. Les données peuvent également être exportées au format CSV pour être utilisées dans les interfaces de facturation.

Quels sont les avantages du stockage d’électricité stationnaire ?

Le stockage d’électricité stationnaire permet, entre autres, d’améliorer l’efficacité de l’électricité photovoltaïque, de créer rapidement des stations de recharge pour véhicules électriques, de réduire drastiquement les coûts liés au réseau, d’assurer l’alimentation de secours, d’éviter la surcharge du raccordement au réseau et de réaliser une alimentation zéro en toute sécurité.

Mélanie Trélat

RC02 - Reduce C02 for the building sector
RC02 - Reduce C02 for the building sector

Le projet RCO2 est une initiative ambitieuse qui s’inscrit dans le cadre du programme FSE+ « Investir dans le futur » pour la période de programmation 2021-2027 de la politique de cohésion économique et sociale de l’Union européenne, reconnaissant l’importance du secteur de la construction dans la réduction des émissions de CO2.

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En effet, le secteur du bâtiment et des travaux publics est un secteur contribuant de manière importante aux émissions de gaz à effet de serre comme le mentionne le Plan territorial pour une transition juste. Le projet RCO2 vise donc directement la nécessité de réduction.

RCO2 s’adresse aux salariés des entreprises du bâtiment et des travaux publics, impactés par la transition climatique avec une évolution de leurs métiers et des méthodes de construction ou de travail.

L’objectif prioritaire du projet est d’accompagner les salariés du secteur à l’évolution des métiers liées à la crise climatique actuelle. Ce projet vise avant tout les métiers suivants : maçons coffreurs, bancheurs, assembleurs, travaux publics, opérateurs de pelle mécanique, façadiers biosourcés.
L’IFSB, situé à Bettembourg, est directement concerné par la problématique de la transition juste, et facilite ainsi l’accès aux formations proposées pour un nombre conséquent d’entreprises et salariés situés dans le Sud du pays.

Plus d’informations sur le projet : a.sikora@ifsb.lu

Des polices vertes pour récompenser les bons élèves
Des polices vertes pour récompenser les bons élèves

« L’attitude est une petite chose qui fait une grande différence ». Cette citation de Winston Churchill reflète la vision d’AlliA qui milite auprès des compagnies d’assurances pour qu’elles contribuent à la réduction de l’impact carbone des entreprises, en offrant des tarifs incitatifs aux bons élèves.

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Entre décarbonation et assurance, le lien n’est pas évident de prime abord. Quel rôle les compagnies d’assurances peuvent-elles jouer dans la décarbonation ?

La décarbonation doit être une priorité pour le monde de l’assurance. Ce dernier peut accompagner cette transition en proposant des polices « vertes » afin de récompenser les initiatives mises en place par les entreprises à travers des réductions tarifaires, selon le modèle qui s’applique déjà sur certains produits automobiles. Quand les entreprises s’engagent et déploient des processus, il est impératif que ceux-ci soient accompagnés d’une assurance adéquate.

Quel type d’initiatives pourrait en bénéficier ?

Certaines mesures d’efficacité énergétique devraient être considérées comme un risque plus faible, par exemple : l’isolation thermique d’un bâtiment, la pose d’une pompe à chaleur couplée à des panneaux photovoltaïques, d’une VMC double flux ou d’un éclairage LED, ou encore l’électrification de la flotte de véhicules d’entreprise.
Ces investissements peuvent certes être coûteux, mais ils ne sont pas à considérer comme des contraintes s’ils permettent de conserver ou d’améliorer la productivité. Puis, la taxonomie encourage à réaliser des investissements dès maintenant, et il existe plusieurs programmes d’aides émanant du gouvernement, des communes ou d’acteurs privés qui visent à soutenir l’efficacité énergétique, mais aussi la gestion de l’eau et des déchets. Enfin, de nombreuses entreprises proposent désormais une expertise et des outils pour accompagner une démarche durable et impactante.

Quel est votre impact dans ce process en tant que courtier ?

La volonté de créer des synergies entre les entreprises qui souhaitent mettre en œuvre une transition écologique et les compagnies d’assurance est très présente chez AlliA. Il faut que les choses évoluent, et nous sommes déterminés à initier ce mouvement. Pour ce faire, nous sommes en train d’établir des wordings en ce sens, avec l’appui de sociétés spécialisées dans le bilan carbone. De plus - et c’est un de nos points forts -, nous disposons de nos propres ingénieurs. Ils fournissent une expertise et réalisent une évaluation approfondie des risques industriels (incendie, notamment) et émettent des rapports détaillés qui permettent d’évaluer le niveau de conformité et les mesures à prendre. Ces compétences pourraient être étendues à l’analyse des émissions carbone.

Mélanie Trélat

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Actualités et innovations

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Obligations, solutions décarbonées, formations et accompagnement des entreprises

Si nous voulons que nos actions d’aujourd’hui aient un effet dans 20 ans, il y a urgence : le mercure grimpe ! En tant que distributeur spécialisé dans les équipements techniques du bâtiment et de l’environnement, nous optons pour des solutions techniques et des produits adaptés à chaque application afin de permettre d’économiser de l’énergie, de réduire les coûts du client final, de prolonger le cycle de vie des installations et de réduire l’empreinte carbone au maximum. Nos experts techniques accompagnent nos clients installateurs en les formant sur nos produits Wilo, Hoval, Panasonic, Danfoss et en les sensibilisant chaque jour sur le terrain pour servir au mieux la transition énergétique. Pompes à chaleur ultra-performantes, panneaux photovoltaïques et onduleurs (production locale), chaudières nouvelle génération compatibles biogaz et hydrogène, variateurs de fréquence, pompes intelligentes pour une meilleure gestion de l’eau : tous nos produits et solutions sont tournés vers l’avenir.
Plus d’infos : www.general-technic.lu

Un système de chauffage fonctionnant à l’hydrogène vert

L’utilisation de l’hydrogène vert comme source d’énergie suscite un intérêt croissant. Le lycée italien Antonio Meucci est le premier site éducatif en Europe à intégrer une chaudière alimentée à l’hydrogène vert produit par électrolyse à partir d’énergie solaire. L’installation, qui a coûté 300 000 euros, fonctionne pour l’instant avec seulement 20 % d’hydrogène, complété par 80 % de méthane, pour répondre aux règles de sécurité en vigueur. Les équipements de production et de stockage d’énergie énergétique ont également dû être placés dans un bâtiment à l’écart.
Source : Neozone

Le reconditionnement, pour aller au-delà de la consommation

Dans son showroom de la zone industrielle Hahneboesch à Differdange, Action Wear met l’accent sur les EPI, vêtements de travail et accessoires écoresponsables. Elle propose également des solutions de recyclage pour les vêtements usagés. Mais, avant même d’en arriver à cette étape, Action Wear offre un service exclusif qui permet de prolonger la durée d’utilisation des vêtements de travail. La couture est dans son ADN. Action Wear dispose en effet, depuis ses débuts, de son propre atelier de couture, où ses retoucheuses diplômées effectuent toutes sortes de modifications et de retouches de manière à adapter les vêtements à un nouveau porteur, par exemple. Qu’il s’agisse de remplacer une fermeture éclair, d’ajuster un ourlet ou de transformer un pantalon en bermuda, Action Wear reconditionne les vêtements pour leur donner une seconde vie. En apportant ainsi une réponse durable à la demande grandissante des entreprises qui, dans le cadre de leur politique RSE, cherchent à générer moins de déchets et à préserver l’environnement, Action Wear contribue activement à la réduction de l’empreinte carbone globale.
Source : Action Wear

Immobilier, climat et durabilité : les politiques et les défis
Immobilier, climat et durabilité : les politiques et les défis

Dans le sillage de l’urgence climatique, l’Union européenne a fixé un objectif audacieux pour le secteur de l’immobilier:atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cette ambition reflète la double réalité du secteur : son impact significatif sur l’environnement d’une part,et d’autre part, la demande croissante pour des bâtiments éco-responsables.

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Pour les acteurs de l’immobilier, qu’ils soient investisseurs, promoteurs, entreprises, bureaux d’études, intermédiaires ou conseils, il est essentiel de comprendre non seulement l’impact direct de la réglementation environnementale en vigueur et à venir, mais aussi les implications parfois moins visibles des réglementations ESG (Environnementales, Sociales et de Gouvernance).

Les normes techniques et certifications ambitieuses

Le secteur fait face à des normes techniques de plus en plus strictes, visant à réduire son empreinte carbone et les émissions de gaz à effet de serre. Parmi ces normes, les certifications telles que BREEAM et LEED jouent un rôle essentiel. Elles certifient la performance environnementale des bâtiments et sont aujourd’hui indispensables pour les développeurs pour répondre aux exigences des investisseurs et locataires.

Le règlement 305/2011/UE sur les produits de construction et la directive 2010/31/UE sur la performance énergétique des bâtiments sont en cours de révision , témoignant de la volonté de l’UE de renforcer les critères de durabilité dans le secteur immobilier.
Ces révisions, motivées par l’ambition de réduire l’impact environnemental, exigent des entreprises qu’elles adoptent des pratiques écoresponsables plus rigoureuses basées notamment sur le recours à des matériaux de construction plus écologiques, la promotion d’un bâti durable, la mise en œuvre des principes de l’économie circulaire appliquée aux déchets de construction et de démolition.

L’impact direct et indirect de la réglementation ESG

Au-delà de ces normes techniques, il convient de prêter attention à la réglementation ESG, qui bien que ciblant principalement les grandes entreprises en raison de leur impact plus significatif sur l’environnement et la société, aura également des répercussions sur les PME et autres professionnels du secteur immobilier.

Parmi les principaux textes ESG initiés par l’UE on citera le règlement 2019/2088/UE sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers tel que modifié (aussi appelé en anglais Sustainable Finance Disclosure Regulation ou SFDR) d’application, sauf dérogations, depuis le 10 mars 2021 aux acteurs du marché financier dont notamment les fonds d’investissement immobilier.

On citera également la directive 2022/2464/UE sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises (en anglais Corporate Sustainability Reporting Directive ou CSRD) non encore transposée en droit national luxembourgeois , qui impose aux PME et aux grandes entreprises, sous réserve de remplir certains critères de taille, l’obligation notamment de rendre compte selon les normes européennes de publications en matière de durabilité à compter de l’exercice commençant le 1er janvier 2024 ou après cette date selon le type d’entreprise .

Enfin, on citera la proposition de directive 2022/0051/COD sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (en anglais Corporate Sustainability Due Diligence Directive ou CS3D) en cours d’adoption par les institutions de l’Union européenne .

La CS3D est un exemple éloquent de l’impact induit que cette réglementation ESG pourrait avoir sur les PME et autres professionnels du secteur immobilier. Cette législation de l’UE sur la diligence raisonnable, cherche à garantir que les entreprises respectent les normes minimales en matière de droits humains et environnementaux tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement.

Bien que visant principalement les grandes entreprises, la directive CS3D pourrait avoir un effet en cascade sur les PME et autres professionnels, qui sont souvent des fournisseurs ou des partenaires de ces grandes entreprises. Les grandes entreprises peuvent en effet exiger de leurs fournisseurs et partenaires, qu’ils respectent certains standards de durabilité pour se conformer à leurs propres obligations en matière de diligence raisonnable telles qu’imposées par ladite directive.

La mise en conformité avec les exigences de diligence raisonnable prévues par la directive CS3D peut représenter une charge administrative et financière significative pour les PME et autres professionnels. Dans la pratique, les exigences en matière de transparence et de responsabilité peuvent requérir des investissements en termes de temps et de ressources pour maintenir des relations d’affaires avec leurs clients.

L’adoption de pratiques ESG par les PME et autres professionnels peut également être motivée par des facteurs tels que la pression des parties prenantes, les contraintes en termes de réputation, ou encore l’accès facilité au capital et au financement, car de plus en plus de financiers et d’investisseurs intègrent les critères ESG dans leurs décisions de financement respectivement d’investissement.
Face aux réglementations ESG, les acteurs du secteur de l’immobilier au Luxembourg sont donc appelés à se munir des informations utiles et à mettre en œuvre une adaptation proactive quelle que soit leur taille. Il est crucial de comprendre l’étendue des impacts, directs et indirects, de ces réglementations sur leurs opérations et de prendre des mesures stratégiques pour assurer leur conformité et leur compétitivité dans un marché en pleine évolution vers davantage de durabilité.

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